L'Unité de l’Europe bourgeoise: une illusion anti-prolétarienne réactionnaire

(«programme communiste»; N° 99; Février 2006)

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L’abandon de la  ratification de la prétendue  Constitution européenne après l’échec des référendums du printemps dernier, ne pouvait que susciter les lamentations des européistes de tout bord.

Cependant les adversaires eux-mêmes de cette Constitution, à quelques marginales exceptions près, disent tous être des européens convaincus, vouloir une Europe meilleure, différente, mais une Europe tout de même. Il n’existe pas, dans la plupart des pays de la Communauté européenne, des partis, y compris parmi les «eurosceptiques», qui préconisent la sortie de cette Communauté et le «splendide isolement» de leur nation: c’est la démonstration que les bourgeoisies de ces pays sont parfaitement conscientes des avantages que leur procure ce cartel d’Etats.

L’Union européenne s’est élargie à 25 membres. Aujourd’hui, l’association capitaliste qui a l’histoire la plus ancienne, au-delà des viccissitudes de l’actualité électorales ou autres, apparaît donc comme plus forte, en particulier face à ses concurrents américains et asiatiques. Elle a englobé quelques pays de l’Est qui ont échappé au cours de la décennie 90 à l’emprise de Moscou pour finir sous l’emprise démocratique et impérialiste de... Bruxelles, c’est-à-dire surtout Berlin, Paris, Rome; Et cela fait déjà quelque temps que la très orientale Turquie frappe à la porte y pour entrer.

L’Union européenne des 15 comptait plus de 375 millions d’habitants; celle des 25 en compte plus de 450 millions; quand s’y ajouteront la Turquie, la Roumanie et la Bulgarie le chiffre total dépassera les 520 millions d’habitants tandis que la population active passera de 207 à 230 millions de personnes, soit plus que les Etats-Unis, le Canada et le Japon pris ensemble. Cela représente un marché réellement important, même si le PNB par habitant est passé de 24.574 dollars avant l’élargissement, à 17.505 après; aux Etats-Unis, ce PNB par habitant, indice du développement capitaliste était au même moment de 36.215, de 31.444 au Japon et de 23.114 au Canada: cette diminution s’explique par le moindre développement capitaliste des nouveaux entrants dans l’Union.

Contrairement aux discours de propagande, l’Union européenne est avant tout un marché, sur lequel se pressent les puissances capitalistes du monde entier (représentées par des trusts multinationaux et des Etats nationaux). Sans doute des règles ont-elle été édictées pour empêcher que des flux désordonnées de capitaux, quelles que soient leurs provenances, ne désorganisent le cours des affaires et les programmes des pays membres. Mais cela ne signifie pas du tout que les oppositions entre capitaux nationaux, entre trusts concurrents, entre Etats aient disparu ou qu’elles puissent être surmontées par les accords négociés depuis des décennies. L’Euro lui-même a sans doute mis les économies des 12 pays qui ont accepté de faire «gérer» leurs économies suivant des paramètres communs de façon qu’elle soient plus liées et plus soutenues entre elles; mais il démontre aussi en permanence la fragilité de ces liens, fragilité qui reflète la tendance intrinsèque de tout capital à n’être déterminé que par son intérêt propre contre tous les autres. Dans sa vertigineuse cours à la valorisation, le capitalisme engendre et alimente la concurrence; il en a besoin pour se développer, pour stimuler les affaires; mais en même temps il la combat dans la mesure où chaque capital tend à absorber ou à détruire ses concurrents. Cette contradiction réside à la racine même du mode de production et quels que soient les efforts des bourgeois pour remédier aux aspects les plus brutaux de la concurrence, ils ne peuvent l’arrêter; Il est possible de la réguler pour un certain temps, mais ce ne sera qu’une situation temporaire pendant laquelle s’accumulent toutes les contradictions, toutes les oppositions, tous les facteurs de crises et de guerres que le capitalisme porte en lui.

La nouvelle Europe devrait faciliter la circulation des capitaux, des marchandises et des hommes. Les frontières devraient disparaître pour permettre aux habitants de l’Europe de se déplacer librement d’un pays à l’autre, pour le divertissement ou le travail. Dans les aspirations des bourgeois éclairés et réformistes, l’Europe deviendrait ainsi la «maison commune» des peuples qui ont créé les civilisations, des plus anciennes à l’actuelle, caractérisée par la liberté et la démocratie.

Bien différente est la réalité: la libre circulation entrée en vigueur est celle des affaires, des accords entre capitalistes, entre patrons, entre lobbys affairistes qui agissent sur tous les terrains, de façon légale ou illégale, pour accroître leurs capitaux et leurs revenus.

Quels que soient les discours des politiciens et des gouvernements, la «nouvelle» Europe répond aux éternels principes de la concurrence capitaliste: les puissances les plus riches les économies les plus développées, les impérialismes les plus forts dictent les priorités, établissent les paramètres d’attribution des quotas et de redistribution des crédits, en un mot imposent la défense de leurs intérêts aux dépens des plus faibles. Ils le font sur le plan politique, sur le plan économique et financier ainsi que sur le plan militaire.

Dans le cadre général de la concurrence mondiale, en particulier à l’époque impérialiste, les alliances y compris très étroites entre Etats deviennent une nécessité pour défendre les intérêts nationaux spécifiques. Mais dans le cadre de ces alliances, les Etats les plus puissants, grâce à leur capacité de protection politique et militaire des intérêts communs aux alliés, utilisent les autres pays comme réserves de chasse pour leurs capitaux, tout en se réservant le droit de les utiliser comme Etats-tampons sur lesquels décharger une partie des tensions accumulées et des attaques contre leurs positions économiques.

La «nouvelle Europe» n’échappe donc pas aux lois de la concurrence capitaliste et à la loi fondamentale du développement capitalise qui s’appelle chute tendancielle du taux de profit.. Chaque pôle capitaliste cherche systématiquement à augmenter la valeur de ses profits pour résister à la chute de leur taux. L’exploitation de pays capitalistes entiers de la part des Etats impérialistes les plus forts s’inscrit dans cette tentative permanente pour maintenir leur puissance économique.

Après la deuxième guerre mondiale, la force économique et financière des Etats-Unis leur permit de détrôner définitivement la Grande-Bretagne comme puissance impérialiste mondiale et assujettir à leur capital national les puissances européennes occidentales, alliées ou adversaires dans le conflit qui venait de s’achever.

Le partage du monde entre les Etats-Unis et l’URSS dura quatre décennies; il permit la préservation du pouvoir bourgeois et le développement du capitalisme après les ravages de la guerre; mais il ne pouvait à la longue résister aux tensions de la concurrence capitaliste internationale que ce développement même accroissait inévitablement. La crise de 1973-75 fit la démonstration que la formidable expansion économique du second après-guerre avait épuisé ses énergie

 

Les  contradictions  interimpérialistes s’accumulent  en  Europe

 

L’Europe des Etats les plus forts, pour avoir une Europe forte? C’est cette perspective qui anime en réalité la plupart des européistes.

Les oppositions commerciales et financières internationales démontrent toujours plus clairement que la concentration et la centralisation capitalistes (développement naturel du capitalisme libéral) qui sont la réponse à l’aggravation de la concurrence sur le marché mondial, ne peuvent pas ne pas aggraver encore cette concurrence, ne peuvent pas ne pas attiser en conséquence les oppositions entre les impérialismes et notamment les plus puissants.

Les désaccords qui se sont manifestés avec éclat entre la France, la Russie et l’Allemagne d’un côté et les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, suivies par l’Italie et l’Espagne de l’autre, à propos du déclenchement de la guerre contre l’Iraq, n’étaient que les derniers et les plus visibles d’une série. On peut relever les désaccords qui se sont déclarés par exemple sur les Organismes Génétiquement Modifiés, auxquels s’opposent de nombreux pays européens (non pas par souci d’écologie, mais pour ne pas faire tomber leur production agricole sous la dépendance des U.S.A. qui sont les seuls à produire ces semences), sur les questions relatives au climat et des émissions de gaz industriels dans l’atmosphère, sur le plan monétaire avec l’apparition de l’Euro et de sa tentative de constituer une alternative au dollar pour les transactions commerciales mondiales, ou d’autres désaccords plus récents comme l’affrontement Boeing - Airbus, etc.

La guerre anglo-américaine contre l’Iraq a amené au premier plan des facteurs de conflits entre les grands impérialismes qui auparavant étaient cachés derrière une entente internationale voulue et, en même temps, forcée entre les Etats-Unis d’Amérique et le reste des nations du monde.

Après l’implosion de l’empire russe, et donc l’éclatement des équilibres mondiaux que le «condominium russo-américain» assurait, la bourgeoisie et petite-bourgeoisie des pays industrialisés a célébré la victoire planétaire de la «démocratie», du «liberté d’entreprise», de la «civilisation occidentale» sur le «totalitarisme», la «planification étatique» ou la «barbarie» asiatique. Les appareils de propagande de tous les Etats bourgeois ont présenté l’écroulement de la superstructure bourgeoise russe comme l’écroulement du communisme: la faillite du «communisme» à assurer le développement économique et le bien-être des populations était démontrée et c’est pourquoi il avait dû céder le passage au capitalisme, à la société de marché.

L’écroulement de l’URSS a donné le coup de grâce au formidable mensonge, de marque stalinienne mais de nature bourgeoise et capitaliste, du socialisme en Russie, mensonge qui avait été utilisé pendant des décennies pour assujettir les masses prolétariennes du monde aux exigences toujours plus pressantes du capital. La grande confession de la nature capitaliste de l’URSS que le développement des relations économiques avec le reste du monde rendait à un certain moment inévitable, n’est pas venue du Kremlin de la façon que nous l’attendions: cette confession a été faite en pratique dans la crise économique et politique pendant laquelle toute la superstructure de l’ex-empire russe s’est débarrassée de ses oripeaux «soviétiques» et «socialistes» pour se présenter comme capitaliste.

 Le capital qui s’était accumulé derrière le fameux «rideau de fer» s’est émancipé de la lourde structure étatique qui a eu la tâche historique de développer en quelques décennies le capitalisme dans une très vaste aire euro-asiatique (et pour cette raison sous la forme brutale du totalitarisme). Tous les obstacles bureaucratiques et institutionnels qui avaient protégé le développement national des crises récurrentes du capitalisme mondial mais, qui faisant obstacle à la libre circulation des capitaux et au libre jeu de la concurrence nécessaires à la vitalité capitaliste, avaient fini par peser d’un poids intolérable sur le capitalisme russe, volèrent en éclats. Comme notre parti l’avait prévu depuis longtemps, les crises du capitalisme mondial finirent par mordre au coeur l’économie russe, y provoquant les effets dévastateurs que l’on sait.

 La classe dirigeante russe a été contrainte d’accepter le démantèlement d’un empire qu’elle n’avait plus la force de maintenir. L’écroulement de la superstructure politique soviétique n’a pas été la mort d’un communisme, qui n’a jamais été et qui ne pouvait être réalisé «dans un seul pays»; mais elle ne signifie même pas l’accession de la Russie au bien-être et à la prospérité. Les liens avec le capital international se sont développés, les rapports commerciaux et financiers se sont accrus avec les grands pays industrialisés. Parallèlement le chômage, la précarité et l’insécurité se sont très fortement accrus. La crise économique a sapé les amortisseurs sociaux qui garantissaient une certaine sécurité aux prolétaires et donc constituaient la base de la stabilité sociale. Les conditions de vie du prolétariat russes se sont fortement dégradés engendrant des tensions entre les classes qui tôt ou tard déboucheront inévitablement sur des explosions sociales de grande ampleur. Et ces tensions sociales dans les pays de l’ex-Union soviétique auront inévitablement des répercussions à l’ouest, à partir des pays-tampons comme l’Ukraine, la Biélorussie ou les pays baltes jusqu’à se répercuter dans le cœur de l’Europe.

Après la période où, hier, les luttes anticoloniales ont embrasé l’Afrique, l’Asie et l’Amérique Latine, en Europe mûrissent aujourd’hui quelques unes des tensions interimpérialistes les plus fortes et les plus explosives. La crise capitaliste sur le fond de laquelle les attaques contre les Tours de New York ont jeté leur ombre sinistre, et qui est le moteur des croisades guerrières, continue à préoccuper les dirigeants capitalistes du monde au moment où flambent les cours du pétrole, éclatent les bombes de Londres et brûlent les banlieues françaises.

Aucune Europe à 25, à 35 ou à 45 ne pourra arrêter le cours inexorable de la crise du capitalisme mondial. Quoi que puissent faire les gouvernements, quelles que soient leurs volontés affichées à un moment donné de «tourner la page», de se réconcilier à l’occasion de réunions au sommet, les oppositions inter-impérialistes n’ont pas disparues ni ne se sont atténuées, et elles ne pourront pas le faire à l’avenir. Au contraire, elles ne pourront que s’aggraver toujours davantage, travaillant inexorablement à la préparation et au déclenchement d’une troisième guerre mondiale, si la révolution prolétarienne n’éclate pas avant pour arrêter cette course folle.

 

Prolétaires  de  tous  les  pays, unissez-vous pour  la  révolution  et  pour  le  communisme !

 

Les bourgeois européens ont leur rêve: les Etats-unis d’Europe.

Les prolétaires doivent avoir eux non un rêve, mais une perspective: la révolution internationale s’étendant au delà de l’Europe, jusqu’au monde entier.

Les Etats-Unis d’Europe ne verront le jour qu’à une seule condition: qu’un Etat plus fort et plus agressif réussisse à soumettre militairement les autres Etats. L’Allemagne superin-dustrialisée le tenta sous Hitler lors de la dernière guerre mondiale. Avec l’objectif de constituer un grand Reich elle occupa une grande partie des pays européens, mais elle perdit finalement la guerre. Il n’est pas complètement exclu qu’elle ne fasse pas une nouvelle tentative à l’avenir, mais c’est improbable tant que la situation internationale ne se modifie pas complètement. En fait, après la guerre c’est Sa Majesté le Dollar qui a réussi à unifier dans une certaine mesure à unifier la partie occidentale de l’Europe mise à genoux par la guerre, après avoir réparti ses bases militaires un peu partout et plié les pays occupés à une sorte de colonisation financière; tandis qu’à l’Est du contient, c’est Sa Seigneurie le Militarisme russe, qui a unifié la partie du continent sous domination de Moscou. Dans les deux cas, c’est la force militaire qui a imposé ces «unifications» temporaires et partielles, et non des accords et des discussions pacifiques, confirmant pleinement la vision marxiste de l’évolution historique. En 1915, à l’occasion d’une discussion dans le parti bolchevik sur la question des Etats-Unis d’Europe, Lénine prononçait ce jugement bien connu: «Du point de vue des conditions économiques de l’impérialisme, c’est-à-dire de l’exportation des capitaux et du partage du monde par les puissances coloniales “civilisées” et “avancées”, les Etats-Unis Unis d’Europe sont, en régime capitaliste, ou bien impossibles, ou bien réactionnaires».

En bon matérialiste dialecticien, Lénine sait que les alliances sont possibles entre Etats impérialistes comme entre entreprises capitalistes, en dépit de la concurrence qui les oppose. Il explique: «Certes des ententes provisoires sont possibles entre capitalistes et entre puissances. En ce sens, les Etats-Unis d’Europe sont également possibles, comme une entente entre capitalistes européens... dans quel but?

Dans le seul but d’étouffer en commun le socialisme en Europe, de protéger en commun les colonies accaparées contre le Japon et l’Amérique, gravement lésés dans le partage actuel des colonies et qui se sont renforcés ces cinquante dernières années infiniment plus vite que l’Europe monarchique arriérée, qui pourrit déjà de vieillesse. Comparée aux Etats-Unis d’Amérique, l’Europe dans son ensemble est synonyme de stagnation économique. Sur la base économique d’aujourd’hui, c’est-à-dire en régime capitaliste, les Etats-unis d’Europe signifieraient l’organisation de la réaction en vue de retarder l’évolution plus rapide de l’Amérique».

La constitution des Etats-Unis d’Europe serait donc pour Lénine un fait réactionnaire, dont l’objectif serait d’un côté de lutter contre les impérialismes concurrents plus dynamiques, et de l’autre côté d’écraser la menace prolétarienne. Et comme s’il avait pressenti les discours de nos européistes actuels d’extrême-gauche, il précise: «Les temps sont à jamais révolues où la cause de la démocratie et celle du socialisme étaient liées uniquement à l’Europe». Bien plus juste serait, selon Lénine, le mot d’ordre des «Etats-Unis du monde», sauf qu’il se confondrait avec le mot d’ordre de la révolution socialiste internationale et qu’il pourrait en outre l’idée que la révolution ne pourrait être d’abord victorieuse dans un seul pays (1).

Le prolétariat n’a aucun intérêt à soutenir les alliances et projets d’alliances impérialistes qui renforcent son ennemi de classe, mais il ne peut pas non plus circonscrire sa lutte dans les limites ou les frontières qui ont été fixées et modifiées par les guerres et les traités entre Etats capitalistes. Son objectif ultime, la destruction du système capitaliste, est par définition international; il dépasse toutes les frontières, ce qui signifie, aujourd’hui où le capitalisme s’est étendu au monde entier, que son champ de bataille embrasse la planète toute entière. Quant à ses luttes immédiates de défense, elles dépassent elles aussi les frontières nationales ou européennes, dans la mesure où dans la plupart des pays européens, non seulement une partie significative des entreprises est non-nationale, mais surtout une fraction importante du prolétariat lui-même, souvent la fraction la plus exploitée, est extra-communautaire. Nous voyons tous les jours, comme Lénine l’avait pressenti, que le rapprochement tourmenté des Etats européens se traduit par une oppression toujours plus pesante de cette fraction du prolétariat, un flicage toujours plus accru des prolétaires immigrés et de leurs descendants: c’est même un des rares domaines où sont à peu près d’accord tous les gouvernements!

Ce n’est pas par hasard si le mot d’ordre par lequel se terminait le Manifeste il y a plus de 150 ans était: Prolétaires du monde entier, unissez-vous!

Ce sont les prolétaires qui doivent s’unir, contre toutes les unions capitalistes, petites ou grandes, contre les unions des Etats bourgeois qui n’ont d’autre but que de maintenir en vie une société en putréfaction fondée sur leur exploitation.

L’internationalisme prolétarien est un cri de bataille; c’est l’appel à la lutte de tous les prolétaires pour les même objectifs, pour la même lutte, pour la même révolution sous tous les cieux: la révolution communiste mondiale.

Que la lutte de classe débouche sur la révolution prolétarienne d’abord dans un pays plutôt que dans un autre, est un fait historique indéniable: le développement économique et politique inégal des différents pays est une loi absolue du capitalisme. Et cette inégalité de développement se traduit par une maturation inégale des facteurs objectifs (les conditions économiques, sociales et politiques historiques) et subjectifs (la naissance et le développement du parti de classe et des organisations prolétariennes immédiates) de la révolution prolétarienne.

Ces facteurs sont le produit du développement du capitalisme et de la lutte de classe entre prolétariat et bourgeoisie. Et dans la perspective de la lutte de classe, il n’y a pas de place pour les illusions petites-bourgeoises quelles qu’elles soient, et en particulier les illusions sur l’unité européenne, démocratique et pacifique, qui pourrait fournir un cadre plus facile pour la réalisation des aspirations prolétariennes, voire être une voie de passage obligée vers la révolution prolétarienne (comme dans la vieille rengaine de l’Europe des travailleurs). C’est la poussée matérielle objective des antagonismes sociaux devenus incontrôlables par les dispositifs bourgeois de la démocratique collaboration des classes, qui remettra les prolétaires de tous les pays sur le terrain de la lutte ouverte. La marée rouge du prolétariat révolutionnaire, annoncée par les explosions sociales dans les pays où les fractures sociales sont les plus aiguës, préparée par l’action du parti de classe, reviendra battre avec une puissance décuplée les rivages capitalistes. L’énergie révolutionnaire des immenses masses prolétariennes se lançant à l’assaut du ciel, sera suffisamment puissante pour faire s’écrouler tous les temples capitalistes, tous les symboles et toutes les idéologies bourgeoises, pourvu qu’elle soit dirigée par son indispensable organe de lutte, le parti communiste mondial reconstitué sur la base du marxisme authentique.

La victoire dans cette guerre sociale ne sera pas obtenue d’un coup, à l’issue de quelques jours de lutte. La durée de ce combat titanesque qui se livrera dans tous les pays sera dicté par le rapport des forces entre les classes; mais l’issue et la durée de la lutte seront déterminés par la capacité du prolétariat à se libérer à temps de l’influence de l’opportunisme, de l’influence de tous ses faux amis, de tous les semeurs d’illusions, d’autant plus dangereux qu’ils s’affirment plus à gauche, ou même «révolutionnaires».

 


 

 

(1) cf Lénine, «A propos du mot d’ordre des Etats-Unis d’Europe», O.C., vol. 21, pp 352, 354 (ce dernier passage est l’un des rares qui a pu être utilisé - bien à tort - par les staliniens pour prétendre que Lénine était convaincu de la possibilité de la construction du socialisme dans la Russie isolée, en dépit de tout ce qu’il avait expressément dit à ce sujet).

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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