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Bilan d'une révolution

 

-Les grandes leçons d'Octobre 1917

-Les fausses leçons de la contre-révolution de Russie

-L'économie russe de la révolution à nos jours

( Brochure A5, 192 pages, Prix: 10 €,  FS)   -  pdf

 

 


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«Bilan d’une Révolution»

 

Introduction à l’édition de 1991

 

Le «Bilan d’une Révolution» que nous republions aujourd’hui intégralement a été rédigé en 1967-68 en continuité et en parfaite cohérence avec tout le travail théorique de restauration du marxisme non adultéré ou rénové conduit par notre courant depuis le début de son existence dans les années 1910-1920 et dès sa réorganisation en parti après la fin de la deuxième guerre mondiale.

En 1967-68 on était en plein dans les mythes de la révolution culturelle chinoise et des guérillas paysannes; les mouvements pacifistes américains et européens à allure gauchisante se développaient alors que la guerre du Vietnam allait vers son paroxysme et que grandissait une nouvelle vague nationaliste soutenue par des mouvements «anti-impérialistes» des jeunes bourgeoisies des pays semi-coloniaux et des mouvements démocratiques des opulentes bourgeoisies des pays impérialistes. C’était l’époque du prétendu tournant historique annoncé par les mouvements étudiants au Japon et aux USA en 1964 et démesurément gonflé par «l’imagination au pouvoir» du 68 européen. C’était l’époque du stalinisme «revu» sous l’angle de vision maoïste (tout aussi néfaste pour la révolution prolétarienne mondiale), l’époque où la «coexistence pacifique» prenait la place de la division irrémédiable du monde en blocs opposés. Mai 68 était élevé au rang de «point de référence historique» universel, valable pour les étudiants comme les prolétaires ou les guérilleros paysans tiers-mondistes.

Le drame des mouvements de grève des années cinquante et soixante, la tragédie de la deuxième boucherie mondiale, la terrible défaite de la révolution mondiale dans les années 20 et la sanglante involution de la révolution russe sous les coups de la contre-révolution stalinienne bourgeoise, tout cela était avalé comme un morceau gélatineux par un mouvement étudiant qui avait gagné la rue et que les polices d’Europe honoraient de leurs charges. La révolution d’Octobre servait, au plus, de faire-valoir aux nouvelles théories soixante-huitardes; Lénine était tiraillé entre différents regroupements politiques qui voulaient chacun paraître plus révolutionnaires que leurs concurrents, réduits en pièces par des citations qui voulaient démontrer telle ou telle ligne politique ou leur contraire. Plus Lénine et Octobre 17 étaient encensés, plus ils étaient travestis. A la falsification systématique, quasi-scientifique, du marxisme et des thèses défendues par Lénine à laquelle s’appliqua avec ferveur et sans relâche le puissant appareil de propagande stalinien, s’ajoutait ainsi à l’improviste une clinquante et théâtrale falsification de type libertaire par une nouvelle vague de rénovateurs et de rectificateurs de théorie issus de 68. Bien de ces rénovateurs en attente de droits d’auteur ou en instance d’être eux-mêmes rénovés ont été balayés comme des feuilles mortes à mesure que s’écroulaient leurs constructions théoriques; en l’absence de la reprise de la lutte prolétarienne classiste, leurs émanations délétères continuent encore à intoxiquer. Parce qu’à la différence des mouvements petits-bourgeois et culturels notre parti ne suivait pas la mode du moment mais le fil historique d’une activité et d’une oeuvre qui ignorent la recherche de «droits d’auteur» ou de «nouvelles» théories, il pouvait avec «Bilan d’une Révolution» puiser dans le fertile patrimoine d’expériences historiques et de confirmations du marxisme pour tirer le bilan historique et politique de ce qui fut et qui reste la révolution prolétarienne victorieuse contre laquelle se déchaînèrent toutes les forces mondiales de la contre-révolution bourgeoise, à l’intérieur de la Russie (en trouvant leur expression finale dans le stalinisme) et à l’extérieur. Faute d’une victoire de la révolution prolétarienne dans au moins un des grands pays impérialistes européens (il s’agissait surtout de l’Allemagne), les forces bourgeoises eurent raison de la révolution prolétarienne en Russie, et finalement dans le monde entier, comme Lénine ne cessa jamais de l’avertir.

La victoire de la contre-révolution ne fut pas le résultat d’une fatalité, ni d’une présumée invincibilité de la bourgeoisie et du mode de production capitaliste. Ce fut surtout la conséquence de la capitulation des partis communistes occidentaux des années 20, puis de l’Internationale, devant les suggestions du démocratisme, du romantisme politique et économique, du révolutionnarisme de salon caractéristique de la social-démocratie et de sa ferveur collaborationniste.

Ce sont les forces sociales qui font l’histoire; et le marxisme nous apprend qu’un homme, si «grand» soit-il, ou un parti, même le plus puissant, n’ont pas la possibilité de changer le cours de l’histoire et donc le destin des révolutions et des contre-révolutions. Mais cela n’autorise pas à expliquer la défaite de la révolution par la constatation banale selon laquelle «il est arrivé ce qui devait arriver».

La capitulation du parti prolétarien dans l’affrontement physique et militaire entre les classes est un fait évidemment négatif; mais la capitulation du parti prolétarien sur le plan théorique et programmatique est, lui, irrémédiable. La révolution russe ne fut pas battue sur le plan militaire; il n’y est pas non plus de défaite sur le plan économique, étant donné que Lénine et les bolcheviks savaient parfaitement que dans la Russie ultra-arriérée la moindre transformation économique socialiste était impossible.

La défaite fut subie sur le plan politique, et dans les partis communistes d’Europe occidentale avant même que dans le parti russe. Les faiblesses théoriques, les illusions réformistes en particulier des partis allemands et français finirent tragiquement par infecter l’Internationale et le parti bolchevik. La révolution prolétarienne d’Octobre pouvait vaincre ou perdre: ce fut la victoire en Russie mais la défaite en Europe, ce qui entraîna finalement la défaite même en Russie. Les partis communistes occidentaux ne se montrèrent pas à la hauteur des tâches historiques, car ils restaient truffés de théories et de praxis réformistes héritées de la social-démocratie. Ni l’opposition de gauche dans le parti bolchevik russe, écrasée par les calomnies et la répression, ni la gauche communiste italienne, sans une influence dans l’Internationale comparable à celle des partis allemands ou français en dépit de sa contribution théorique de premier ordre, ne purent rien n’y faire. La capitulation social-démocrate empêcha en fait l’Internationale Communiste et ses sections nationales de diriger le mouvement ouvrier international dans ce qui aurait pu devenir, en raison d’une situation historique favorable, la révolution prolétarienne dans le monde entier.

Les lois économiques de fer du capitalisme font de la paix et de la prospérité universelle une illusion; en effet la division de la société en classes et leur antagonisme social historique conduisent inexorablement à des conflits toujours plus importants et plus aigus, que ce soit au niveau de la concurrence entre bourgeois et entre Etats bourgeois (avec les affrontements financiers, commerciaux et militaires), ou au niveau de la lutte entre les classes (avec l’éclatement inévitable de conflits sociaux). Cette lutte entre les classes se déroule continuellement, même quand le prolétariat ne réagit pas de façon organisée. La bourgeoisie est toujours en lutte contre le prolétariat, soit pour le réprimer lorsqu’il a la force de combattre, soit pour l’intimider, le désorienter et l’empêcher d’acquérir cette force lorsqu’il ne s’est pas encore mis en mouvement.

Les lois économiques de fer du capitalisme et la capitulation social-démocrate des partis prolétariens signèrent la défaite de la révolution communiste en Russie, de l’Internationale Communiste et donc de la révolution prolétarienne mondiale. Cela s’est déroulé il y a longtemps, en 1926, et non pas hier, en 1989, au moment de la chute du mur de Berlin et des pseudo régimes «communistes» d’Europe de l’Est.

En 1989, en 1990, en 1991 et dans les années qui viennent, ce sont des régimes en faillite, dictatoriaux, centralisés, mais intégralement bourgeois comme la Gauche communiste n’a cessé de le démontrer, qui sont tombés et qui tomberont. Là où existent travail salarié, capital, loi de la valeur et marché, nous ne pouvons être en présence que du capitalisme. Ce n’est pas une découverte récente, ce n’est pas une nouvelle théorie: c’est tout simplement la position marxiste authentique à laquelle notre courant a toujours été fidèle et grâce à laquelle il a pu travailler au bilan de la contre-révolution en Russie.

Aujourd’hui et plus encore demain, la pression matérielle de ces mêmes lois économiques du capitalisme pousse et poussera les masses prolétariennes à s’insurger contre des conditions de vie et de travail de plus en plus insupportables. Elle poussera les éléments les plus avancés du prolétariat à se tourner vers la théorie marxiste, la seule arme critique de connaissance et de prévision, capable de donner l’orientation juste aux puissantes forces matérielles d’un prolétariat encore prisonnier de praxis collaborationnistes et démocratiques, et intoxiqué d’idéologies et de pratiques électoralistes, pacifistes et nationalistes.

Aujourd’hui où les Gorbatchev de service singent les reniements et les mensonges des vieux Kautsky, Staline ou Mao-tsé-toung, aujourd’hui où les machines de la propagande bourgeoise tournent à plein régime pour fournir des «démonstrations» de la faillite du marxisme, aujourd’hui pour les prolétaires avancés, conscients que la lutte de classe doit se mener jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à la révolution anti-bourgeoise et la dictature de classe, il est encore plus vital qu’hier de regarder en arrière, de recueillir les leçons de l’histoire, les leçons des révolutions et des contre-révolutions. Pour les marxistes, ce «regard en arrière» essentiellement dialectique doit permettre de percer la couche épaisse de brouillard réformiste et opportuniste qui empêche les prolétaires de regarder vers l’avenir, vers la reprise de la lutte de classe organisée et indépendante en rupture avec les exigences du marché et de l’économie capitaliste; de regarder vers l’avenir, conscients qu’en luttant pour leur émancipation du travail salarié ils luttent aussi contre les bases du capitalisme et donc aussi pour l’émancipation des classes paysannes et déshéritées opprimées et exploitées de façon éhontée par la bourgeoisie; de regarder vers l’avenir avec la certitude que la société capitaliste n’est pas éternelle et que la classe bourgeoise encore dominante n’est pas invincible; et avec la conscience que la grande force potentielle du nombre immense des esclaves salariés de tous les pays pourra se transformer effectivement en force révolutionnaire historique à la condition de se reconnaître comme force irréductiblement antagoniste aux classes bourgeoises et de se reconnaître dans la direction d’un parti de classe, qui ne peut être autre chose que le parti marxiste, international et unique, comme unique et internationale est la condition sociale du prolétariat ainsi que la validité du marxisme, théorie révolutionnaire du prolétariat.

La réédition de notre «Bilan d’une Révolution» (publié pour la première fois comme numéro spécial de notre revue théorique «Programme Communiste»- no 40/41/42 oct. 1967 / juin 1968) est une contribution à la restauration des positions marxistes correctes et, plus généralement, à la défense du marxisme contre tous ses détracteurs et tous ses rénovateurs. Ce travail s’organise autour de trois grands thèmes:

- Les grandes leçons d’Octobre 17

- Les fausses leçons de la contre-révolution en Russie

- L’économie russe d’Octobre à nos jours.

 

Juillet 1991

 


 

Au sommaire:


 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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