Non intervention au Tchad

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Alors que la foudroyante offensive des rebelles a marqué le pas, le gouvernement français montre les dents. L’envoi il y a quelques jours au Tchad de plusieurs centaines de soldats pour renforcer le millier de militaires présents avait été présenté comme destiné à venir en aide aux expatriés (ces agents locaux de l’impérialisme qui, semble-t-il, n’avaient été encore menacés par personne) ; les autorités militaires françaises affirmaient, sans rire, qu’elles observaient une attitude de neutralité vis-à-vis des affaires intérieures du pays. Cette soi-disant « neutralité » se traduisait cependant par une aide « logistique, médicale et de renseignement » à l’armée tchadienne du dictateur Déby.

Lundi le gouvernement français a tombé le masque : Sarkozy a annoncé qu’il avait décidé « d’envoyer l’aviation française survoler la frontière avec le Soudan » (pour Sarkozy le Tchad est donc une colonie qui n’a pas son mot à dire !) et Kouchner a adressé une mise en garde directe aux rebelles en disant qu’il espérait que la France n’aurait « pas à intervenir plus avant » militairement. Le gouvernement français prépare d’autre part au Conseil de Sécurité de l’ONU les conditions d’une intervention militaire qui se draperait derrière les couleurs onusiennes, comme cela a déjà été le cas à maintes reprises (en Côte d’Ivoire, au Congo, etc.), l’envoi de la force européenne sous prétexte d’aide aux réfugiés du Darfour, étant compromise .

Déjà en 2006 Déby avait été sauvé par un « Détachement d’Assistance Militaire et d’Instruction » du 1e RPIMa. Déby, ancien chef d’Etat-Major du dictateur Habré, avait pris le pouvoir avec l’aide des services spéciaux français lorsque ce dernier s’était trop rapproché des Américains. Il a instauré un régime sanglant dans la continuité parfaite de son ancien chef, même si avec l’aide des Français, il l’a grossièrement camouflé derrière une vague façade démocratique. L’autoritarisme et rapacité de Déby et de ses proches ont été telles qu’ils se sont aliénés le soutien non seulement des masses pauvres à qui on a jamais demandé leur avis, mais même de la majorité de son clan, de sa famille et de la plupart des chefs de guerre qui étaient ses alliés ! Sans le soutien jusqu’ici sans faille de l’impérialisme français, il y a longtemps que le régime criminel de Déby haï par la population tchadienne se serait effondré…

Depuis son indépendance, le malheureux Tchad n’a jamais cessé d’être entre les griffes de l’impérialisme français, l’un des plus rapaces et des plus meurtriers parmi les meurtriers impérialismes qui se sont partagés l’Afrique ; le résultat a été des guerres permanentes et la misère persistante des populations. La mise en exploitation récente des grands gisements de pétrole n’a profité qu’aux compagnies internationales géantes et à une mince couche de bourgeois locaux qui placent l’essentiel de leurs revenus dans les coffres des banques occidentales, tandis que les travailleurs tchadiens souffrent toujours d’arriérés de salaires et que les prix flambent (voir la grève générale de l’an dernier, à laquelle le pouvoir avait répondu par la répression brutale).

Les prolétaires de France ont un devoir particulier à accomplir par rapport aux travailleurs et aux masses du Tchad : ils ont le devoir de s’opposer aux agissements du gouvernement qui prétend agir en leur nom, de dénoncer les prétextes « humanitaires » qui sont utilisés pour justifier les expéditions militaires, de combattre l’oppression impérialiste exercée par les entreprises et l’Etat français en Afrique et ailleurs, le devoir de combattre le capitalisme !

Non à toute intervention militaire Tchad! Non au soutien au sanglant régime tchadien!

Retrait des troupes françaises et arrêt des « coopérations militaires » en Afrique!