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Belgique : face à la montée de l’extrême droite, pas de défense de la démocratie parlementaire bourgeoise!

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Les élections du 26 mai ont été marquées en Belgique notamment par une poussée électorale de l’extrême droite en Flandre : le Vlaams Belang (VB : Intérêt Flamand)  qui ravit des voix aux nationalistes flamands de la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA : Nouvelle Alliance Flamande). Cette victoire électorale a été aussitôt dénoncée par les démocrates et les partis de gauche comme une menace contre laquelle ils appellent à la mobilisation, relançant  leur campagne « anti fasciste » (1).  Des manifestations ont été organisées dans diverses villes par la coalition « Stand Up contre l’extrême droite et le fascisme » et d’autres forces: plusieurs milliers de manifestants ont défilé à Bruxelles le 28 mais et des centaines dans d’autres villes comme Liège, Gand, etc.

 

Un appel petit bourgeois

 

« Stand Up » a publié le 27 l’appel à cette mobilisation, signé entre autres par des dirigeants syndicaux  collaborationnistes, qui en illustre bien la nature et les objectifs (1). C’est  un appel à  une mobilisation large de la société civile et de toutes les personnes conscientes» contre un «projet de société qui cherche à imposer le mensonge, la haine raciale et le culte de la virilité violente au service de l’oppression et de l’autoritarisme».

Il s’agit d’un appel interclassiste, petit bourgeois,  qui ne dénonce pas le rôle que l’extrême droite peut jouer en faveur du capitalisme, mais qui cible en quelque sorte sa méchanceté. S’il évite soigneusement de parler de capitalisme, c’est pour ne pas heurter les personnes de bonne volonté et plus généralement les couches sociales petites bourgeoises auxquelles il veut s’adresser ; et aussi bien entendu parce que les signataires ne veulent surtout pas combattre l’ordre établi !

L’appel écrit que «l’extrême droite n’a pas sa place ni dans les parlements et gouvernements, ni dans nos rues».

Il entend défendre ainsi la démocratie parlementaire contre une prétendue menace que ferait peser sur elle l’extrême droite.

Mais la démocratie parlementaire n’est que l’une des formes que revêt l’Etat bourgeois au service de la domination capitaliste ; c’est même la forme qui est la plus efficace pour amortir les tensions sociales et prévenir le retour du prolétariat à la lutte de classe, en organisant régulièrement des alternatives électorales qui en réalité ont comme résultat , selon la formule de Marx, de « décider une fois tous les trois ou six ans quel  membre de la classe dirigeante va représenter et fouler aux pieds le peuple au parlement ».

L’Etat, même le plus démocratique et quel que soit le parti qui soit à sa tête, est fondamentalement comme l’expliquait Engels, «l’Etat des capitalistes» ; sa fonction est d’assurer la bonne marche de ce système capitaliste et la domination de la classe bourgeoise sur les autres, et plus particulièrement sur la classe exploitée.  La société bourgeoise étant basée sur l’inégalité, l’exploitation et l’oppression, elle engendre nécessairement des tensions sociales, plus ou moins aigües suivant les périodes, mais qui sont toujours présentes ; elle ne peut donc vivre sans un Etat disposant de tout un puissant appareil de contrôle social, et reposant en dernière instance sur la force – sur «une bande d’hommes en armes» (Engels).

L’Etat bourgeois est l’ennemi des exploités ; en Belgique comme ailleurs, avec ou sans extrême droite dans son parlement, il a derrière lui une longue et sanglante histoire d’atrocités et de massacres coloniaux mais aussi de répression anti-prolétarienne. Sans remonter aux massacres des ouvriers en  1886, ou aux victimes de la répression des grèves du Borinage en 1932,il faut se rappeler  qu’après la victoire contre le nazisme, les gendarmes de la  démocratie parlementaire belge tuèrent  en juillet 1950 4 manifestants  qui avaient bravé l’interdiction de manifester pour s’opposer  au retour du roi ; ou, plus proche de nous, que la répression de la grève générale  de 1960-61 fit deux morts .

Au cours des dernières années ce n’est pas l’extrême droite qui a renforcé l’oppression capitaliste, qui a multiplié les mesures anti sociales, qui a fait la chasse aux réfugiés, etc., mais bien les gouvernements des partis démocratiques. Pour faire face à des difficultés et des crises économiques toujours plus graves, le capitalisme n’a pas d’autre ressource que d’accroître sa pression sur le prolétariat, de démanteler les amortisseurs sociaux et reprendre les avantages qu’il avait concédés dans les périodes fastes pour maintenir  la paix sociale : sauver  ou rétablir les profits implique l’accroissement de l’exploitation capitaliste avec comme conséquence et condition d’accroître l’oppression sociale sous toutes ses formes. La poussée de l’extrême droite en Belgique et en Europe est la conséquence de ce changement, elle n’en est pas la cause.

 

Pas d’union interclassiste en défense de la démocratie parlementaire contre l’extrême droite, mais union de classe pour lutter contre le capitalisme !

 

En prônant l’union interclassiste contre l’extrême droite « Stand up » et cie, ressuscitent la funeste tactique de l’antifascisme démocratique. Dans les années trente, en Espagne, en Allemagne et partout,  cette dernière a enchaîné le prolétariat à la défense de la forme parlementaire de  l’Etat bourgeois et elle l’a mis à la remorque de la fraction dite démocratique de la bourgeoisie. Résultat : le prolétariat, paralysé après avoir perdu ses buts de classe, a été incapable de résister à l’attaque capitaliste dont les fascistes représentaient la pointe avancée : ils sont « passés » ! Et il a ensuite été conduit désarmé vers la boucherie de la deuxième guerre mondiale.

Il est  crucial de rappeler une si dramatique leçon historique: tous ceux qui prêchent la défense de la démocratie et d’une forme particulière de l’Etat bourgeois sont en réalité des adversaires de l’émancipation prolétarienne ; ils font en fait le jeu de la classe dominante. Ce n’est qu’en luttant contre le capitalisme, sur des bases de classe, unissant les prolétaires de toute nationalité et de toute race, de tout sexe et de toute corporation, au chômage ou en  activité, qu’il est possible de résister victorieusement à ses attaques, qu’elles soient dirigées par des forces politiques d’extrême droite, de droite ou de gauche.

Hier le fascisme avait pour but d’écraser par la violence et la guerre civile un prolétariat désorienté mais qui représentait toujours une menace pour l’ordre bourgeois. Nous n’en sommes pas là aujourd’hui : la période qui vient verra redoubler les attaques capitalistes dans le cadre de la démocratie bourgeoise. Le prolétariat a la capacité d’y répondre à condition de ne pas se laisser égarer  sur la voie de l’interclassisme  et du démocratisme et qu’il reprenne la voie de la lutte sur des objectifs et avec des moyens et des méthodes de classe.

 

A bas le capitalisme !

A bas la bourgeoise, sa démocratie, son Etat, tous ses partis et tous ses valets !

Vive la lutte de classe prolétarienne ! Vive la révolution communiste internationale !

 


 

(1) Pour sacrifier aux indécrottables préjugés individualistes petits bourgeois, le texte se présente comme un appel d’individus. Mais outre une ribambelle d’avocats et de professeurs d’université, il s’y trouve des responsables du Mouvement Ouvrier Chrétien (MOC), de la  FGTB, de la CNE (syndicat chrétien des Employés) et d’autres appareils syndicaux collaborationnistes. etc., et au milieu de ce magma les trotskystes de la Gauche Anticapitaliste (IVe Internationale).

 

 

Parti Communiste International

2 juin 2019

www.pcint.org

 

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