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Ukraine: pilule amère pour les impérialismes Européens, butin succulent pour les impérialismes américains et russes,  que les Chinois ne font que regarder... 

 

 

La perspective d'un accord américano-russe sur la «question ukrainienne», dans l'air depuis la campagne électorale de Trump, s'est ouverte moins d'un mois après l'entrée en fonction de ce dernier à la Maison Blanche, démontrant une fois de plus que seul l'accord ou le désaccord entre Washington et Moscou est décisif pour prolonger cette guerre ou y mettre fin.


RAPPEL DEES ÉPISODES PRÉCÉDENTS

 

Il y a trois ans, l'intervention militaire de la Russie en Ukraine visait à mettre fin à une période où l'Ukraine se préparait à intégrer non seulement l'Union européenne, mais surtout l'OTAN. En stoppant ce processus d'intégration de l'Ukraine dans les forces militaires de l'Atlantique Nord, l'impérialisme russe posait aux impérialistes américains et européens la question de savoir s'il fallait aller jusqu'à une confrontation militaire directe avec la Russie en soutenant l'Ukraine de Zelenskyy, ou s'il fallait s'abstenir d'encercler Moscou presque jusqu'à ses frontières. Que les États-Unis et l'Europe n'aient pas l'intention d'affronter militairement la Russi dont ils connaissent parfaitement les forces nucléaires –,c'était clair dès le début; mais l'objectif d'affaiblir la Russie économiquement et donc politiquement était jugé réalisable par d'autres moyens; par exemple, par des sanctions économiques qui furent imposées dès que les chars russes eurent franchi la frontière, et par un soutien financier et militaire à l'Ukraine dans la guerre qui se préparait depuis l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014. Le problème était de persuader les Ukrainiens d'entrer en guerre contre les Russes, non seulement sur le terrain politique et électoral (comme en témoignent les manifestations de l' «Euromaïdan» de l'hiver 2013-2014, puis l'arrivée au pouvoir de Zelensky en 2019), mais aussi sur le terrain militaire, en déployant leurs propres soldats, leur propre force de travail prolétarienne, leur propre population pour défendre les «valeurs occidentales» et les intérêts euro-américains. Après le premier mois de guerre, début avril 2022, les généraux ukrainiens réalisérent à quel point les forces armées russes déployées sur le terrain étaient difficiles à arrêter et que l'avenir immédiat pouvait être catastrophique non seulement et pas tant pour la population du Donbas, mais pour l'ensemble de l'Ukraine; ils poussérent donc le gouvernement Zelensky à chercher un compromis avec Moscou pour sauver le pays des conséquences désastreuses d'une guerre prolongée. De son côté, la Russie continuait à prétendre  que la guerre n'était qu'une «opération militaire spéciale» pour défendre lespopulations russophones du Donbas et de Crimée qui, malgré les accords de Minsk soutenus par Merkel et Hollande, faisaient l'objet de discriminations et de violences de la part du gouvernement ukrainien.

Selon les médias internationaux, l'intervention immédiate du Britannique Boris Johnson, également au nom de Biden, pour empêcher Zelensky de conclure un accord avec Poutine pour mettre fin à son «opération militaire spéciale» fui couronnée de succès: il s'était vu garantir un soutien économique, financier et militaire complet (comme s'il était membre de l'OTAN), bien que sans intervention directe des troupes de l'OTAN. Convaincu par ces promesses, Zelensky n'a cessé de répéter pendant trois ans de guerre le slogan «jusqu'à la victoire» que  les politiciens européens ont reprises presque jusqu'au bout. Vinrent en effet les élections américaines et Trump après avoir regagné la Maison Blanche, fit voler en éclats tous les plans et les perspectives orchestrés par l'administration précédente pour... mettre la Russie à genoux.

Entre-temps, les États qui depuis novembre 2022 s'étaient activement engagés dans la formulation de «plans de paix» (en commençant par l'Ukraine de Zelensky lui-même, supervisé par Biden, puis l'Indonésie, la Chine, le Brésil, l'Afrique du Sud, etc.), avec leur rhétorique verbale ne servant qu'à tromper «l'opinion publique», ont fait la démonctration qu'ils occultaient la réalité du conflit guerrier, où des intérêts beaucoup plus larges et «plus importants» étaient en jeu. Ces intérêts touchent à l'arrangement futur des puissances impérialistes face à un conflit guerrier beaucoup plus intense et «décisif» pour le nouvel ordre mondial, vers lequel toutes les principales puissances impérialistes du monde, surtout les États-Unis et la Chine, se dirigent inévitablement. Le cadre dans lequel se jouera le nouvel ordre mondial impérialiste ne dépendra certainement pas de l'Ukraine de Zelensky: elle redeviendra – comme cela a été le cas depuis son indépendance en 1991 – l'un des nombreux pions sur l'échiquier européen, même si, au cours de ces trois années de guerre, elle a joué contre son gré le rôle de pomme de discorde dans les relations américano-russes, en croyant qu'elle faisait pencher la balanced'un côté ou de l'autre.

 Aujourd'hui, il est plus clair que jamais – mais nous l'avions déjà anticipé dans nos articles – que les États-Unis continuent de traiter l'Europe non pas comme un allié mais comme un subordonné à utiliser dans toutes les occasions (paix et guerre); et qu'ils cherchent toutes sortes de moyens pour arracher la Russie à son alliance avec la Chine et en faire son propre «allié» (comme ils l'ont été pendant et après la Seconde Guerre mondiale avec leur domination conjointe sur l'Europe); et qu'ils consacrent leurs plans – économiques, financiers, politiques et militaires – au renforcement de leur position dans une probable guerre mondiale avec la Chine, la puissance impérialiste qu'ils craignent vraiment. Par sa brutalité et son mépris vis-à-vis de ses amis comme de ses ennemis, Trump révèle en fait quels sont les enjeux décisifs du futur pour l'impérialisme américain: entraîner la Russie à ses côtés pour couvrir le front de guerre européen, c'est pouvoir consacrer l'essentiel de ses forces à la lutte contre l'expansionnisme chinois dans le Pacifique et jusqu'en Amérique latine et dans l'océan Indien.

Peu importe pour Washington que les intérêts de l'impérialisme européen soient foulés aux pieds par ce plan: ces intérêts ont été bafoués depuis longtemps; dans l'après-guerre avec la Reocnstruction et le Plan Marshall, l'OTAN, la division de l'Europe – et en particulier de l'Allemagne – en un Occident dirigé par les États-Unis et un Oient par la Russie; aujourd'hui par le retrait du fameux parapluie militaire et nucléaire des membres européens de l'OTAN après les avoir laissé épuisés et affaiblis par leur soutien financier et militaire à l'Ukraine dans une guerre qui, si l'issue était favorable à l'Occident, serait une victoire avaant tout pour les Américains et inversement, si l'issue était favorable à la Russie serait une défaite virtuelle pour l'Union européenne. Dans tous les cas, ce sera une double «victoire» pour Washington.

Pourquoi une double victoire?

Parce que les nombreux trains de sanctions ont davantage nui aux économies européennes qu'à celle de la Russie (et pas seulement les prix beaucoup plus élevés du gaz naturel qui ne passe plus par les gazoducs russes); ils ont représenté un avantage incontournable pour les exportations américaines, comme le gaz naturel liquéfié, auquel l'Europe a dû recourir pour ne pas bloquer sa production; ce n'est pas la première fois que les États-Unis utilisent l'arme de la pénurie de carburant en Europe pour forcer sa dépendance vis-à-vis d'eux (1). Pendant ce temps les livraisons d'armes à l'Ukraine ont vidé les arsenaux européens et forcé les pays de l'UE à dépendre encore plus de l'industrie américaine de l'armement pour reconstituer leurs propres armements, ce qui a fourni à Washington un nouveau  outil de chantage obligeant les Européens à s'épuiser à cause de leur réarmement. En cessant largement de couvrir le financement de l'OTAN, les États-Unis obligent les pays européens à augmenter substantiellement la part de leur PIB allouée à l'OTAN, qui reste solidement entre leurs mains et en même temps ils poussent les différents gouvernements à réduire les budgets sociaux de façon à pouvoir consacrer des centaines de milliards à l'armement.

Tout cela représente un tournant de la guerre Russie-Ukraine entièrement en faveur des États-Unis et partiellement en faveur de la Russie, au détriment des intérêts européens, un tournant dont les conséquences affectent l'UE sans que celle-ci ait la moindre possibilité d'en modifier le cours.  L'Union Européenne est une association d'États concurrents qui, bien qu'ils aient trouvé dans l'euro et le «marché commun» un certain nombre de facilités pour le commerce intérieur et la circulation des capitaux, n'ont pas une politique unique, une force militaire unique, et encore moins une structure économique unique; une association qui aspire à être reconnue comme un État centralisé unique, ce qu'elle n'est pas et ne sera jamais. Les rapports de pouvoir entre les États qui se sont développées au cours de l'évolution historique du capitalisme en Europe et dans le monde ne peuvent pas être transformés par des accords économiques ou diplomatiques, mais seulement par des confrontations économiques et militaires.

Historiquement, le capitalisme s'est développé de manière inégale selon les différents pays et régions du monde. Cela ne signifie pas que les pays économiquement arriérés du début du 20e siècle soient condamnés à le rester à jamais; en créant de nouveaux marchés et en exploitant de manière plus approfondie les anciens, le capitalisme se développe même là où il était auparavant presque inexistant ou présent sous des formes très arriérées. Avec le développement de l'économie capitaliste, une classe prolétarienne se crée et grandit, une force de travail arrachée à l'arriération de la vie rurale et forcée utilisée dans les usines non seulement du capital national, mais aussi d'autres pays. De même que le capital circule dans le monde entier, la force de travail de toute nationalité circule dans le monde entier; et elle constitue, par sa lutte, l'un des problèmes historiques les plus pressants que la bourgeoisie a dû, doit et devra affronter.

L'échec de la révolution prolétarienne internationale qui, sur la vague de la révolution bolchevique victorieuse de 1917, aurait pu (et pourra un jour) briser le système économique capitaliste et ses myriades de contradictions et d'inégalités, a permis à certains pays tels que la Chine, l'Inde, l'Indonésie, le Brésil, etc. (densément peuplés, dotés d'une importante main-d'œuvre, riches en ressources minérales et naturelles, et poussés par le même besoin que les économies plus avancées de développer leurs marchés et leurs mécanismes de production) de parvenir à  une croissance sous l'égide du capitalisme moderne typique, et de tendre vers l'impérialisme. C'est pourquoi non seulement les anciennes et les nouvelles puissances impérialistes s'affrontent inévitablement sur un marché mondial qui ne garantit jamais  un débouché complet de toutes les marchandises produites et de tout le capital accumulé.

Plus le capitalisme se développe, plus ses contradictions se développent et s'aiguisent; plus le capital se concentre, créant des monopoles de plus en plus gigantesques, plus s'accumulent les facteurs de confrontation internationale. Le marché mondial devient à un certain point trop petit, limité, les marchandises et les capitaux ne trouvent plus à s'écouler, les crises économiques deviennent la norme, la guerre et ses destructions deviennent l'issue, et plus les destructions sont importantes, plus la reconstruction est une bénédiction pour les capitalismes les plus forts et les mieux équipés. Les nationalismes, la souveraineté territoriale, les régimes démocratiques, la liberté de commerce et d'entreprise, la libre circulation des capitaux et des personnes, l'État de droit, tout cela se heurte soudain à la dure réalité de la dictature du capitalisme: seules comptent la force et la violence, et qu'y a-t-il de plus fort et de plus violent que la guerre?

Quand les accords diplomatiques et commerciaux échouent, le chantage et la force militaire entrent en jeu. C'est précisément ce qui s'est passé avec  avec la deuxième guerre mondiale et qui a abouti à une situation où l'Europe a pu produire, commercer et exploiter la main-d'œuvre salariée nationale et immigrée sans bouleversements économiques et sociaux extraordinaires. Mais après la crise générale de 1973-1975 et, surtout, après l'effondrement de l'URSS en 1989-1991, la situation s'est modifiée: les relations interétatiques ont changé et préparé le terrain pour les politiques étrangères des différents États qui, dans le cœur historique du capitalisme qu'est l'Europe, se transforment à nouveau inexorablement en actes de guerre.

 

...ET SURTOUT AU COURS DES 30 DERNIÈRES ANNÉES

 

L'effondrement de l'URSS, la réunification de l'Allemagne et la guerre en Yougoslavie dans les années 1990 ont définitivement rompu la paix commerciale en Europe; cette paix était «garantie» en un sens par la domination conjointe russo-américaine sur l'Europe après la deuxième guerre mondiale et par le très fort déclin de la lutte de classe prolétarienne causé par la contre-révolution stalinienne qui a complètement asujeti le prolétariat en Europe et parout aux intérêts du capitalisme. Dans le reste du monde, parallèlement au développement économique du capitalisme dans de vastes régions autrefois arriérées, de fortes contradictions inter-impérialistes sont réapparues, les anciennes puissances coloniales d'Asie et d'Afrique étant en outre confrontées aux luttes anticoloniales. Mais il était inévitable qu'avec la reprise et l'expansion économiques après les énormes destructions de la Seconde Guerre mondiale, tous les éléments caractéristiques des contradictions économico-politiques et militaires entre  anciennes et les nouvelles puissances impérialistes se reposeraient à nouveau dans le cadre international des relations de pouvoir.

Les États-Unis ont été les vrais vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale; elle n'a pas touché leur sol mais elle leur a permis de dominer le monde par leur puissance industrielle, financière et militaire, et ils ont fait de tous les grands pays leurs débiteurs; ils ont cependant dû se rendre compte qu'à terme  ils devraient faire face aux autres pôles impérialistes qui s'étaient entre-temps formés et développés au cours des décennies, y compris avec l'aide du capital américain: en premier lieu une Allemagne réunifiée ravivée en Europe et le Japon, et la Chine lointaine en passe de devenir une superpuissance inarrêtable.

Au delà du mythe de la vieille Europe, ancienne maîtresse du monde, il n'en reste pas moins que des forces capitalistes de premier ordre sont concentrées en Europe; dans son espace continental, elle représente non seulement une force productive et financière d'une grande importance mondiale, mais aussi un marché pour tous les pays capitalistes, grands et petits, y compris extra-européens. La deuxième guerre mondiale a établi la suprématie incontestée des États-Unis dans la mesure où ils ont subordonné l'Europe occidentale à leurs intérêts spécifiques, qu'ils partageaient depuis longtemps avec la Russie en ce qui concerne la partie orientale de l'Europe. L'Atlantique est ainsi, en plus d'être l'océan qui sépare l'Amérique de l'Europe, un pont reliant les États-Unis et l'Europe occidentale dans une alliance non pas entre égaux, mais une alliance qui scelle la suprématie de Washington sur Londres, Paris, Berlin et Rome; une alliance également militaire, à travers l'OTAN, qui, après l'effondrement de l'URSS, s'est étendue jusqu'à Varsovie et s'est ensuite prolongée sur une sorte de longue bande allant d'Helsinki au sud jusqu'à Kiev et Odessa.

L'Ukraine, qui a obtenu son indépendance en août 1991, ne pouvait rester une terre neutre, ni au regard des intérêts stratégiques de Washington (et de Londres, son allié européen le plus fiable), ni au regard des intérêts économiques et politiques des puissances impérialistes européennes, et encore moins de Moscou.

La Russie s'est retrouvée encerclée en l'espace d'une vingtaine d'années: à l'ouest et dans l'Arctique par l'Europe dominée par les Etats-Unis; à l'est par la Chine, redevenue une «amie» mais une amie incertaine  comme tous les «amis» impérialistes; à l'est par le Japon, ennemi historique et jusqu'à présent soumis à Washington; et de l'autre côté de l'océan Pacifique par les Etats-Unis; tandis qu'au sud elle a dû faire face, et doit encore faire face, à l'instabilité permanente du Proche et du Moyen-Orient à ses ex-républiques soviétiques du Caucase et d'Asie centrale, de plus en plus attirées par le marché européen et le dollar, et à l'Inde, autre géant asiatique, plus encline à négocier une alliance avec Washington, à qui elle peut confier la domination de l'océan Indien, qu'avec Pékin ou Moscou, avec qui elle est prête à commercer, mais avec qui il est peu probable qu'elle lie son destin dans une guerre mondiale.

L'Union européenne, sous l'impulsion de la France et de l'Allemagne, s'efforce depuis longtemps d'intégrer Kiev dans ses structures économiques et politiques, tentant ainsi de la protéger des tentatives, déclarées ou non, de la Russie d'en faire son territoire conquis. Les élections qui ont donné par deux fois la victoire à Yanukovych – peut-être le seul dirigeant ukrainien illusoirement équidistant à la fois de Moscou et de l'OTAN, mais présenté comme une marionnette entre les mains de la Russie – ont été attaquées par l'Union européenne avec les accusations habituelles de fraude et d'ingérence russe; cela a incité une certaine partie de la population à mener des activités antirusses, comme lors des manifestations de l'Euromaïdan de 2013-2014, dont les protagonistes comprenaient des groupes ultranationalistes d'extrême droite, responsables du massacre du 2 mai 2014 à Odessa lors d'une manifestation de soutien à Ianoukovitch.

Après la chute de Ianoukovitch en février 2014, Kiev a lancé une «guerre» de facto contre les populations ethniquement russes du Donbas et de la Crimée, à l'égard desquelles il a adopté une attitude de plus en plus discriminatoire; la Crimée a déclaré son annexion à la Russie lors d'un référendum tandis que les régions ethniquement russes de Donetsk et de Louhansk  déclaraient leur indépendance en mai de la même année et se plaçaient  sous le patronage de la Russie. Il était clair que seul Moscou reconnaîtrait l'annexion de la Crimée et qu'en temps voulu, seul Moscou reconnaîtrait également l'indépendance des deux régions du Donbas (officiellement en février 2022, quelques jours avant l'invasion militaire).

Pendant huit ans, depuis 2014, s'est déroulée ce que l'on appelle la guerre du Donbas, au cours de laquelle des membres pro-nazis du Bataillon Azov et d'autres groupes d'extrême droite, sous la protection de l'armée ukrainienne, se sont illustrés par des assassinats et des actions terroristes à l'encontre de la population civile russophone. Un affrontement militaire ne pouvait manquer d'éclater compte tenu des intérêts politiques et économiques contradictoires entre l'Ukraine, qui entendait se lier de plus en plus étroitement aux États-Unis et à l'Union européenne, et les régions ethniquement russes, la Crimée et le Donbas, qui entendaient défendre leur nationalisme et leur localisme sous les auspices de la Russie.  La démocratie, la liberté, la souveraineté nationale sont des concepts derrière lesquels se sont toujours cachés les intérêts bourgeois de diverses factions cherchant à défendre et à étendre les limites du pouvoir et du marché; ils ont toujours été utilisés en Ukraine par divers oligarques milliardaires liés soit à Moscou, soit à Londres et à Washington.

La paix impérialiste en Europe qui a résulté de la Seconde Guerre mondiale a achevé son long cycle d'expansion économique financière  à la fin du XXe siècle, avec le début d'un nouveau cycle de contradictions inter-impérialistes en Europe même. Si le XIXe siècle a été un siècle au cours duquel les contradictions entre les puissances capitalistes européennes se sont concentrées en Europe occidentale, le XXe siècle, en raison de leur intensification globale, a amené ces contradictions en Europe de l'Est. Après avoir assuré sa domination sur une Europe déjà incorporée à l'OTAN, l'impérialisme américain a inévitablement progressé vers l'Est, où il s'est heurté à l'impérialisme russe qui, depuis l'effondrement de l'URSS, a perdu  un à un ses anciens satellites, jusqu'aux frontières de la Fédération de Russie.

Après l'intégration de la Hongrie, de la Pologne et de la République tchèque dans l'OTAN en 1999, de la Slovaquie, de la Roumanie, de la Lituanie, de la Lettonie, de l'Estonie, de la Bulgarie et de la Slovénie en 2004, de la Croatie et de l'Albanie en 2009, et de petits États comme le Monténégro et la Macédoine du Nord en 2017 et 2020, que reste-t-il en dehors des griffes de l'OTAN en Europe de l'Est ? L'Ukraine, étant donné que la Biélorussie est liée à Moscou, et dans les Balkans,  la Serbie, le Kosovo problématique et  la Bosnie-Herzégovine tout aussi instable, perpétuellement en proie à des contradictions nationalistes et religieuses irréductibles.

En Ukraine en 2014, davantage qu'en Yougoslavie en 1999, le sort des politiques impérialistes russes et euro-américaines était en jeu. Moscou et Washington n'avaient guère d'alternative: soit l'Ukraine devait se détacher définitivement de l'emprise impérialiste de Moscou, ce à quoi des tentatives politiques telles que l'Euromaïdan ne pouvaient suffire – et n'ont d'ailleurs pas suffi; il fallait donc préparer  la guerre contre Moscou; soit l'Ukraine elle-même, refusant de devenir un vassal de Washington et de Londres, aurait dû se réfugier précipitamment sous l'aile de Moscou en vertu de ses propres affinités linguistiques, culturelles, religieuses et historiques, ce qui aurait fourni une base solide pour construire une perspective d'avenir moins éprouvante. En fait il n'y avait pas d'autre choix: les impérialistes de Washington et de Moscou n'avaient aucunement l'intention de laisser le peuple ukrainien décider de son sort – et tant pis pour la démocratie et la souveraineté nationale...

 

LA GUERRE POUR LE PARTAGE DE L'UKRAINE

 

Une confrontation armée entre l'OTAN et la Fédération de Russie, c'est-à-dire entre les deux puissances nucléaires, n'était pas à l'ordre du jour; cela aurait déclenché la Troisième Guerre mondiale. Sans troupes de l'OTAN soutenant les troupes ukrainiennes pro-occidentales contre les troupes russes soutenant les milices ukrainiennes pro-russes, la guerre est restée confinée à l'Ukraine, mais quelle en était l'issue prévisible? D'une part, la partition de l'Ukraine, d'autre part, l'affaiblissement de l'Europe par les États-Unis, comme nous l'écrivions en janvier 2023 (2).

Vilipender l'ennemi et le présenter comme plus fort et plus agressif qu'il ne l'est en réalité est un stratagème de propagande utilisé par les gouvernements pour faire passer leurs politiques bellicistes pour un besoin vital de défense. Le fait même que, dans ce choc d'intérêts contradictoires, l'armée ukrainienne ait été utilisée comme le seul «adversaire» de l'armée russe par les impérialismes européens et américains, montraité dès le début que les intérêts qui auraient nécessité la solution la plus radicale et la plus générale, à savoir une guerre mondiale, n'étaient pas en jeu. Comme nous l'avons expliqué à plusieurs reprises, les prolétaires russes et ukrainiens ont été mobilisés pour une guerre locale qui avait, de part et d'autre, un double objectif: pour l'impérialisme russe, renforcer par la force son contrôle sur la région de l'Ukraine – la Crimée et le Donbas – qui a toujours constitué un avant-poste stratégique sur la mer Noire, et mobiliser tout le pays derrière lui pour soutenir ses intérêts impérialistes; pour l'impérialisme européen, et dans une certaine mesure pour les États-Unis, encercler la Fédération de Russie y compris à partir du sud, et parallèlement, du côté de Washington, affaiblir l'Union européenne afin qu'elle devienne encore plus subordonnée aux intérêts globaux de l'impérialisme américain.

La conquête de l'ensemble de l'Ukraine ou de sa partie russophone était-elle une question de vie ou de mort pour l'impérialisme russe au point de risquer de provoquer une guerre mondiale?

Certainement pas; mais comme pour toute puissance impérialiste, la domination ou le contrôle d'un territoire économique stratégique – et l'Ukraine est un tel territoire – est un objectif important, et pour l'atteindre, surtout s'il est d'importance égale pour les impérialismes en lice, la force peut être utilisée qund les moyens politiques, économiques et de corruption ne suffisent pas.

La tactique que Washington et Londres semblent avoir choisie était de pousser la Russie à faire le premier pas, l'invasion de l'Ukraine, et de faire de l'armée ukrainienne, de ses bataillons nazis et de sa population de la chair à canon pour la défense des intérêts impérialistes occidentaux. Pour cela Washington et Londres devaient trouver un gouvernement à Kiev qui les suivrait et mettrait en œuvre leur stratégie; après plusieurs tentatives, ils l'ont trouvé dans le gouvernement de Zelensky qui est au pouvoir depuis 2019.

En trois ans, la guerre qui, selon les médias, aurait pu se terminer un mois ou deux après son début – comme il ressort des négociations entamées entre Zelenskyy et Poutine début avril 2022 après que de longues colonnes de chars russes se soient dirigées vers Kiev – a pourtant continué après les grandes promesses de Boris Johnson (au nom des États-Unis et de l'OTAN), spécialement dépêché à Kiev, d'un fort soutien économique, financier et militaire des pays de l'OTAN  jusqu'à la victoire sur la Russie».

En résumé, quelle est la situation à ce jour?

Voici quelques chifres. Sur le montant total d'environ 400 milliards d'euros destinés à l'Ukraine, les pays de l'UE ont alloué 202,6 milliards d'euros, les États-Unis 119 milliards; les allocations financières les plus importantes sont: 27,2 milliards d'euros du Royaume-Uni, 15 milliards de la Norvège et 12,4 milliards du Canada. Sur les 202,6 milliards d'euros, 132,3 milliards ont été déboursés jusqu'à présent, provenant de l'UE, du Royaume-Uni, de la Norvège, de l'Islande et de la Suisse, tandis que les États-Unis ont déboursé 114,15 milliards d'euros (3). Comme nous l'avons dit, les pays européens ont vidé une grande partie de leurs arsenaux, non seulement d'armements anciens mais aussi d'armements à technologies avancées: cela les met en grande difficulté, d'autant plus que le nouveau président américain Trump a annoncé qu'll avait l'intention de réduire drastiquement les engagements financiers des États-Unis envers l'OTAN  pour la «défense» de l'Europe et d'allouer la majeure partie de ses ressources financières à la lutte contre l'avancée impérialiste de la Chine, déplaçant ainsi le centre des différends inter-impérialistes de l'Atlantique vers l'Indo-Pacifique.

Mais un autre fait, d'un intérêt particulier pour les communistes révolutionnaires et les prolétaires, est la très grande quantité de sang versé dans cette guerre, tant par les prolétaires russes qu'ukrainiens. Les différentes sources donnent des chiffres assez contradictoires, en particulier celles des Ukrainiens et des Russes, qui ont tout intérêt à réduire de manière significative le nombre de leurs morts et blessés. En tout état de cause, au delà de ce que disent les grands pays concernés et les différents médias (Wall Street Journal, BBC, site Mediazona, New York Times, etc.), tous les chiffres font état d'un million de morts et de blessés, plus pour les Russes que pour les Ukrainiens (4), sans compter les pertes civiles. Comme toujours, dans les guerres bourgeoises ce sont les masses prolétariennes qui sont contraintes de se faire massacrer sur différents fronts, que la guerre soit menée avec des tactiques et des moyens conventionnels – dans les tranchées ou de maison en maison comme à Bakhmout, Marioupol, Pokrovsk et une centaine d'autres villages et villes – ou avec des moyens technologiques avancés, des missiles à longue portée aux drones détruisant les hôpitaux, les écoles, les bâtiments civils, les fermes, les dépôts de carburant ou les approvisionnements agricoles, etc.

Le massacre systématique des soldats des deux côtés du front s'accompagne d'un autre phénomène inévitable: les réfugiés à l'étranger et les personnes déplacées à l'intérieur du pays. Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (5), à ce jour, sur une population de plus de 42 millions d'habitants, près de 11 millions d'Ukrainiens ont été contraints de quitter leur domicile; 6,9 millions ont fui à l'étranger, 3,7 millions sont déplacés à l'intérieur du pays; la majorité, 76%, sont des femmes et des enfants, tandis que les hommes sont sous le coup de la loi martiale.

 

TRUMP, L'HOMME DE LA PAIX IMPÉRIALISTE

 

Il est désormais clair que la politique de Trump rompt avec l'engagement américain envers l'Ukraine du président Biden; il préfére rétablir des relations directes avec Moscou, ce qui constitue le clou dans le cercueil non pas tant pour Zelensky que pour tous les dirigeants européens. L'agenda de la «fin de la guerre» n'a jamais été entre les mains de l'Ukraine, ni  de celles de l'UE, malgré la prétention avec laquelle tous les dirigeants européens n'ont cessé de parler d'une guerre «juste» et d'une paix «juste». Les discours sur le soutien à l'Ukraine jusqu'à ce que les Russes soient chassés du territoire ukrainien, répétés à l'envi tant pendant la dite «contre-offensive» de l'automne 2023, qui était censée conduire à la reprise des provinces du Donbas occupées par les Russes, que pendant les diverses attaques menées également sur le territoire russe et dans la mer Noire, se sont finalement révélés n'être qu'une gigantesque supercherie.

En outre, cela a démontré la volonté criminelle de laisser massacrer des centaines de milliers de soldats et de civils ukrainiens juste pour pouvoir brandir fièrement la bannière du nationalisme, agitée dès le début dans les intérêts de puissance de l'impérialisme; national, européen et américain; les fractions bourgeoises pro-OTAN en profiteront après la «fin» de la guerre et après que des centaines de milliers de morts ukrainiens auront été mis dans la balance.

C'est maintenant un fait: les premiers pas de Trump ont rapidement mis les Européens et les Ukrainiens hors jeu, en ouvrant la voie à une négociation de fin de guerre dont les protagonistes ne sont que Trump et Poutine, la Maison Blanche et le Kremlin, et leurs intérêts impérialistes spécifiques. Les dirigeants européens, qui étaient sûrs que, compte tenu des milliards dépensés pour soutenir la «cause ukrainienne» et des armements fournis, ils allaient être présents à la table des négociations en tant que troisième acteur et en tirer ainsi des avantages économiques et politiques considérables, ont dû avaler la pilule amère de leur exclusion de ces négociations; ils ne peuvent qu'espérer qu'à l'ombre des pourparlers russo-américains, ils toucheront quelques miettes, par exemple dans la reconstruction du pays. On estime que quelque 500 milliards d'euros seront nécessaires pour reconstruire les logements, les infrastructures énergétiques et de transport, les services et pour relancer l'économie du pays; et ces sommes augmenteront si le conflit se poursuit (6).

Une autre petite surprise de Trump pour les Européens a été son exigence d'une concession exclusive de 50% des «terres rares» du sous-sol ukrainien. Comme on le sait, les minéraux de ces dites terres rares sont indispensables aux industries de haute technologie (ordinateurs, smartphones, batteries et technologies énergétiques de pointe); l'intérêt des États-Unis est d'accroître leur compétitivité face à la Chine, qui contrôle actuellement 70% de la capacité mondiale d'extraction de terres rares et 90 % de la capacité de traitement (7). Le sous-sol ukrainien est en effet très riche en un certain nombre de minéraux et de métaux indispensables à l'industrie moderne, dont l'extraction et la transformation nécessitent des investissements important;  investissements que seules les grandes puissances financières peuvent se permettre, et c'est sur cela que compte Trump compte, en plus d'être le seul à pouvoir s'entendre avec la Russie pour «mettre fin à la guerre» et décider d'investissements importants sur le territoire ukrainien. Mais les zones de terres rares ukrainiennes sont assez dispersées, et environ 50% d'entre elles se trouvent dans des territoires occupés par la Russie: celle-ci, qui a déjà ce trésor dans ses griffes et ne va certainement pas mettre ce butin à la disposition de Trump et d'un quelconque Zelensky. Les négociations avec la Russie que Trump a en tête ne peuvent pas laisser de côté ce  sujet dont la solution passera par dessus la tête de Zelenskyy, tandique que les Européens seront, comme nous l'avons dit, hors jeu.

La «paix» qui se profile, avons nous écrit dans nos journaux (8), sera une paix impérialiste; non pas une paix permanente qui ferait disparaître les facteurs à l'origine du conflit, mais une trêve militaire, où les causes du conflit sont «suspendues» et place est laissée pour des intérêts plus immédiats liés à une reprise économique et à une réalité sociale moins lourde, mais où s'accumulent cependant les facteurs de la rivalité impérialiste qui reviendront inévitablement par la suite pour alimenter les oppositions et les affrontements militaires. Ce qui va se passer désormais, c'est plus le comment terminer la guerre que quand elle finira; et ce «comment» ne peut être qu'impérialiste, c'est-à-dire oppressif à tout poinr de vue. La bourgeoisie ukrainienne voudra surmonter sa défaite – comme c'est toujours le cas des bourgeoisies vaincues – en exploitant et en écrasant encore plus son prolétariat qu'avant la guerre, avec le prétexte de «relancer l'économie nationale», sans oublier d'attiser la haine nationaliste contre la Russie et les Ukrainiens russophones. La paix bourgeoise ne sera une vraie paix ni pour les prolétaires ukrainiens ni pour les prolétaires russes même si le Kremlin cherchera à faire crore à ces derniers la fable d'une victoire sur le nazisme ukrainien et sur l'intégration de l'Ukraine à l'OTAN ennemie.

Le futur des prolétaires ukrainiens et russes ne pourra jamais être synonyme de paix et de bien-être social; l'après-guerre sera marquée par l'exploitation et l'oppression salariale autant et plus qu'avant la guerre, notamment parce qu'ils devront faire face à une crise économique que le système capitaliste n'est pas en mesure d'éviter, si ce n'est temporairement. Leur futur, comme celui des prolétaires d'Europe et d'Amérique, sera particulièrement difficile parce qu'ils ont été trop habitués à compter sur la sécurité économique et sociale, qui était et est toujours basée sur l'oppression des peuples et des pays plus faibles par leurs propres impérialismes; une oppression grâce à laquelle les impérialismes ont réussi et réussissent encore à fournir à leurs prolétaires certains avantages (salaires, logements, pensions, soins médicaux, etc.) dont les prolétaires des pays dominés ne peuvent que rêver.

La voie pour sortir de l'exploitation, de la misère, de l'insécurité de la vie et de la guerre est le contraire de la collaboration entre les classes que la bourgeoisie demande à ses prolétaires: c'est la lutte de classe pour la défense des intérêts immédiats et futurs du prolétariat en reconnaissant l'antagonisme de classe qui l'oppose à la bourgeoisie met constamment en pratique pour la défense de ses propres intérêts de classe. Si lointaine que soit cette voie aujourd'hui, c'est la seule que le prolétariat puisse emprunter pour lutter ainsi sur le même terrain que celui où la bourgeoisie le combat systématiquement et quotidiennement; c'est le seul moyen de construire la solidarité de classe entre les prolétaires, cette solidarité qui déjoue les plans de la bourgeoisie pour les entraîner dans ses affrontements et ses conflits armés.

Les impérialistes américains  et russes vont dicter les conditions; ce sont eux qui devront trouver un terrain d'entente, et cela ne peut se faire qu'au détriment de l'Ukraine, qui pourra alors retourner jouir de son «indépendance», de sa «souveraineté territoriale» et de sa reconstruction économique «pacifique» sur un territoire tronqué par rapport à 1991.  peut Cela pourrait se termine comme en 1953 entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, où une ligne rouge a été tracée qu'aucune des deux parties ne doit franchir; mais le plus probable que cela prendra la forme d'une division toujours prête à exploser que ni les Ukrainiens ni les habitants russophones du Donbas n'accepteront, et où les Russes pourraient se comporter comme les Israéliens vis-à-vis des territoires palestiniens. Quoi qu'il en xoit, une paix russo-ukrainienne sera une trêve guerrière plutôt qu'une période de développement pacifique des deux pays.

 


 

(1) Au sujet de la pénurie de pétrole et de produits pétroliers, voir «La “belle époque” de l'impérialisme américain» Il Programma Comunista n° 4, 1957

(2) cf. «Ucraina, Corea del XXI secolo?» et «La guerra in Ucraina serve agli USA per indebolire l’Europa», il comunista n. 176, janvier-février. 2023.

(3) https://www.linkiesta.it/2025/02/aiuti-ucraina-dati-europa-italia-stati-uniti/, 19 février 2025.

(4) https://tg24.sky.it/mondo/2024/11/18/morti-guerra-ucraina-russia ; https://www.internazionale.it/opinione/pierre-haski/2024/09/19/un-milione-vittime-guerra-ucraina ; https://www.vaticannews. va/en/mondo/news/2024-11/ucraine-mille-jours-conflit-nombre-victimes-incertitude.html.

(5) https://www.unhcr.org/it/notizie-storie/storie/guerra-in-ucraina-la-risposta-umanitaria-dellunhcr/ z 21. 2. 2025.

(6) https://www.lastampa.it/esteri/2025/02/20/news/ucraina_ricostruzione_500_miliardi-15013239/

(7) https://www.lastampa.it /esteri/2025/ 02/10/ news/terre_ rare_ucraine_ quelle_immense_ ricchezze_sotterranee_ che_fanno_ gola_putin_e_ trump-14993264/

(8) cf. « Guerre Russie-Ukraine: paix impérialiste à l'horizon... », supplément au Prolétaire 554, décembre 2024.

 

22 février 2025

 

 

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