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A Madrid, massacre de prolétaires par le terrorisme réactionnaire

 

 

La tuerie de Madrid porte la marque indélébile de la réaction bourgeoise qui, dans ce cas particulier, utilise la main d'oeuvre et l'idéologie du fondamentalisme islamiste. A quelques minutes d'intervalle, ce jeudi matin à l'heure de pointe une dizaine de bombes explosaient dans 3 trains bourrés de passagers: 200 morts, plus de 1500 blessés, ouvriers, écoliers, femmes et enfants: 200 morts (chiffre qui devrait sans doute augmenter, étant donné l'état de certaines victimes), plus 1400 blessés. Ce sont fondamentalement des prolétaires qui étaient visés.

Sans perdre un instant le gouvernement Aznar a utilisé ce massacre de travailleurs pour ses sordides intérêts électoraux. Dissimulant les indices contraires, faisant pression sur les médias nationaux dociles, activant son réseau diplomatique jusqu'au plus haut niveau, il accusait l'ETA d'avoir perpétré cette tuerie - accusation reprise sans hésiter par toute la presse internationale: il faut savoir que la lutte contre cette organisation avait été un des thèmes centraux de la campagne électorale du gouvernement (il avait d'ailleurs annoncé à grand bruit avoir mis sa police en état d'alerte pour prévenir un attentat de l'ETA dans les trains ou les aéroports pendant la campagne électorale...).

Comme tout gouvernement espagnol, le gouvernement Aznar a fait de la «lutte contre le terrorisme basque» un axe fondamental de sa politique parce que ce type de propagande alimente le nationalisme castillan; en outre c'est une excuse commode pour renforcer l'autorité de l'Etat central et cela permet de dévier le mécontentement social dans les impasses des oppositions nationalistes ou des querelles régionalistes, en dissimulant que la lutte des classes est la véritable cause des tensions sociales: prolétaires, qu'ils soient castillans, catalans ou basques, contre bourgeois et petits-bourgeois basques, castillans ou catalans, qui les exploitent.

 L'ETA et le parti Batasuna récemment mis hors-la-loi, constituent l'aile extrême du mouvement nationaliste de la bourgeoisie basque qui cherche à arracher le maximum de concessions à l'Etat central. Intégralement bourgeois dans toutes ses composantes, même les plus «radicales», le nationalisme basque est réactionnaire par son aspiration à se séparer de Madrid et à fonder un nouvel Etat indépendant. Résidu oublié de la révolution bourgeoise qui au XVIIIe siècle a fait naître les Etats nationaux en Europe, il représente aujourd'hui un provincialisme impuissant à l'époque de l'internationalisation toujours plus grande du capitalisme: il ne peut à plus forte raison offrir aucune perspective aux travailleurs exploités par celui-ci.

 

L'ultra-terrorisme des grands Etats bourgeois et démocratiques

 

 Les grands Etats impérialistes qui dominent la planète, condamnant des populations entières à la misère, à la faim, à la guerre, décimant l'humanité pour préserver ou accroître leurs intérêts bourgeois ont tout sauf les mains blanches. Ce sont eux les ultra-terroristes qui n'hésitent pas à bombarder des populations civiles, à raser des villes ou à organiser de véritables génocides. Sans remonter aux guerres mondiales causées par les rivalités capitalistes, il suffit de rappeler deux exemples récents: après la première guerre du Golfe, l'embargo anglo-américain contre l'Irak (avec participation de la France pendant plusieurs années) aurait provoqué la mort prématurée de centaines de milliers d'enfants; au Rwanda ce sont les militaires français qui ont armé les tueurs et créé les conditions du massacre de peut-être 700.000 personnes. Voila ce qu'ont commis les «démocraties» et les Etats que les bourgeois nous appellent aujourd'hui à défendre... contre le terrorisme!

Les massacres et les horreurs répandues dans le monde entier par les grands Etats «civilisés» blancs depuis deux siècles (en commençant par les millions et millions de victimes de l'esclavage et de la colonisation qui ont fait la richesse des grands Etats européens) reviennent en boomerang dans les métropoles impérialistes et les grandes villes symboles de l'avancée capitaliste comme Istanbul, Riyad ou Casablanca.

Les massacres de travailleurs et de civils, qu'ils soient commis «industriellement» par de gigantesques armadas surpuissantes, ou «artisanalement» par quelques terroristes, sont caractéristiques du capitalisme et de la société bourgeoise. Les fractions bourgeoises, perpétuellement en concurrence, se livrent à une guerre commerciale, financière et diplomatique; à un certain niveau ces rivalités débouchent sur des affrontements sanglants, sur des actes terroristes, sur des guerres ouvertes. La guerre en Irak n'a été que la dernière des guerres «locales» déchaînées par les affrontements entre bourgeois, par leur volonté de maintenir leur domination sur des populations colonisées et par la lutte pour le partage du monde entre impérialistes, qui ont ensanglanté la planète depuis la fin de la dernière guerre mondiale. Inévitablement es guerres avec toutes leurs tragédies ainsi que les conséquences désastreuses pour les populations du «développement» capitaliste, engendrent des révoltes parmi les couches opprimées; mais en l'absence d'un mouvement prolétarien révolutionnaire, organisé internationalement et luttant ouvertement pour le renversement du capitalisme, ces poussées de révoltes, quand elles échappent à la mystification démocratique, sont facilement canalisées dans le lit d'une réaction de type petit-bourgeois, religieux ou fasciste. Elles ne peuvent alors en aucune façon, ni s'opposer réellement au capitalisme, ni être un quelconque point d'appui à la lutte des exploités: elles deviennent au contraire une impasse mortelle pour ces derniers.

 

Prolétaires, camarades !

 

Tous les médias ont abondamment relaté les gigantesques manifestations qui ont suivi les attentats en Espagne au nom du refus du terrorisme, de la défense de la démocratie et de la patrie. Ces manifestations qui se sont parfois transformées en manifestations anti-gouvernement Aznar, et les élections qui ont vu la victoire «inattendue» du PSOE, ont montré à nouveau que l'alignement sur les Etats-Unis - politique traditionnelle du franquisme - rencontrait une très forte opposition en Espagne. Signe de la puissance du nationalisme espagnol, elles témoignent aussi de la force encore écrasante des illusions démocratiques, pacifistes et réformistes parmi les prolétaires qui se sont retrouvés en première ligne avec les attentats. La victoire électorale du PSOE, parti anti-prolétarien et corrompu jusqu'à la moelle, n'est pas une victoire pour les travailleurs. Avec des modifications superficielles, la même politique économique et sociale bourgeoise sera poursuivie; sur le plan de la politique extérieure le PSOE ne pourra pas faire échapper l'Espagne à l'alignement sur des Etats plus puissants et la préserver des affrontements militaires qui découlent inexorablement du capitalisme.

Les prolétaires de Madrid, de Bilbao, de Barcelone ou d'ailleurs n'ont pas de patrie; ils n'ont pas une Espagne, un Pays Basque, une Catalogne ou un autre région à revendiquer contre les autres. Exploités par les capitalistes prêts à tout pour leurs profits, y compris à susciter des nationalismes et à organiser des attentats, ils n'ont à défendre que leurs chaînes. Comme les prolétaires de tous les pays ils n'ont pas à lier leur sort au capitalisme qui les exploite, les exténue de fatigue, les fait mourir au travail ou les jette dans la misère en les licenciant; ils ne doivent pas se solidariser avec l'Etat qui les contrôle, les réprime et les fait servir de chair à canon: en un mot ils ne doivent pas défendre une «patrie» qui n'est que celle de leurs exploiteurs.

Les prolétaires peuvent lutter contre le climat social de terreur énormément amplifié par les attentats, à condition de rompre avec l'union nationale et l'Etat bourgeois, à condition de se mobiliser pour la défense exclusive de leurs seuls intérêts de classe, directement opposés aux intérêts des bourgeois et petit-bourgeois. Ceux-ci utilisent les attentats pour paralyser les prolétaires par l'union démocratique interclassiste; sous prétexte de «sécurité» ils renforcent tous les aspects répressifs de l'Etat; afin de diviser les travailleurs, ils aggravent la campagne permanente qui fait des prolétaires immigrés et de leurs enfants des menaces potentielles contre les prolétaires nationaux, contre leur «sécurité», contre leurs emplois, contre leurs salaires. Le prolétariat retrouvera son identité et sa force de classe, il pourra retrouver la voie de l'opposition au système capitaliste quand il se mettra en lutte ouverte pour la défense de ses intérêts immédiats et historiques, constatant l'opposition frontale de ceux-ci avec les intérêts soi-disant «généraux» ou nationaux. C'est cette reprise de la lutte de classe qui est la véritable perspective à défendre.

 

Non à la paix entre les classes et à l'union nationale suscitées par la bourgeoisie et ses laquais! Non à l'impérialisme!

Oui à l'union entre prolétaires de toutes les catégories, de toutes les régions, de toutes les races et de tous les pays pour la lutte anticapitaliste! Non aux discriminations raciales, nationales, religieuses ou autres! Oui à la solidarité avec les victimes de «notre» propre impérialisme!

Non au piège de l' «anti-terrorisme», qui ne sert dans les faits qu'à renforcer le pouvoir bourgeois! La lutte de classe prolétarienne est la seule solution pour se défendre efficacement contre les attaques de la police et de l'Etat, mais aussi contre les bandes terroristes réactionnaires, hier les escadrons de la mort ou groupes fascistes, aujourd'hui commandos islamistes.

Oui à la lutte de classe, oui l'organisation classiste pour la lutte de défense quotidienne, oui à la reconstitution du parti de classe international pour orienter et diriger cette lutte vers la révolution internationale et la prise du pouvoir! Seul le renversement du capitalisme, l'instauration de la dictature internationale du prolétariat nécessaire pour ouvrir la voie à la société sans classes ni frontières - la société communiste - mettra fin aux massacres, aux guerres, aux misères de toutes sortes.

 

Parti Communiste International

15 mars 2004  -  supplément au Prolétaire n°470

www.pcint.org

 

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