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A bas l’intervention impérialiste française en Côte d’Ivoire !

 

 

Lundi 4 avril les militaires français, déjà présents à Abidjan dans le cadre de l’opération «Licorne», ont commencé à attaquer les forces armées fidèles à Laurent Gbagbo, le président sortant. Comme en Libye l’ONU, cette caverne des brigands, a accordé son blanc-seing à l’attaque (et le contingent militaire onusien y a participé) sous le prétexte, encore une fois, de «protéger les populations civiles». Il est difficile dans ce cas de comprendre pourquoi les cibles des hélicoptères et canons onusiens et français ont été, outre des blindés et lance-roquettes, les installations de la télévision ou la résidence de Gbagbo; il est encore plus difficile de comprendre pourquoi les militaires et responsables français et onusiens ne se sont pas émus des massacres de civils par centaines commis par les partisans de Ouattara dans leur conquête du pays!

En réalité les autorités françaises, entraînant derrière elles l’ONU grâce à l’accord des Américains, ont décidé de passer à un soutien militaire direct aux forces de Ouattara, après avoir sans aucun doute discrètement soutenu leur offensive, lorsque celles-ci ont marqué le pas dans la prise d’Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire: sans une aide militaire extérieure, les hommes de Guillaume Soro - l’ancien chef rebelle, l’ancien premier ministre dans le gouvernement d’«union nationale» Gbagbo devenu premier ministre de Ouattara – ont toutes les difficultés pour remporter la victoire définitive, en dépit de la défection des principaux chefs militaires, passés dans le camp du futur vainqueur.

En décidant d’une intervention militaire ouverte, le gouvernement de Sarkozy ne fait que continuer une politique suivie de façon constante par tous les gouvernements français, de droite ou de gauche, utilisant alternativement les moyens «pacifiques» et violents pour servir les intérêts impérialistes. L’implication directe de la France dans les affaires intérieures de son ancienne riche colonie (comme dans les autres) ne date en effet  pas d’aujourd’hui; l’accession de la Côte d’Ivoire à l’indépendance n’a pas coupé les liens de dépendance économique qui la rattachaient étroitement à l’ancienne métropole coloniale.

Sans doute la présence économique française était devenue moins prépondérante au cours des décennies qui se sont écoulées en raison d’un certain développement capitaliste national et de la concurrence toujours plus forte des autres impérialismes (surtout Américain) dans son ancien «pré carré» africain; mais cette présence s’est récemment renforcée à la suite des privatisations imposées par les organisations financières internationales au service de l’impérialisme (FMI, Banque Mondiale). Il y aurait actuellement environ 600 entreprises françaises présentes dans les divers secteurs de l’économie ivoirienne: c’est la défense des intérêts de ces entreprises et rien d’autre qui détermine la politique de l’impérialisme français, que ce soit en 2002 lors du sauvetage du régime de Gbagbo face aux rebelles nordistes de Soro puis de l’imposition d’un partage du pouvoir avec ceux-ci, ou aujourd’hui dans le soutien à Ouattara. La persistance de la domination de l’impérialisme français, particulièrement rapace, en Côte d’Ivoire ne peut amener qu’un redoublement de souffrances et de malheurs pour les masses de ce pays.

Mais ni Laurent Gbagbo, Alassanne Ouattara, Guillaume Soro ou Konan Bédié ( l’«héritier» de l’ancien autocrate et pilier de la françafrique, Houphouët Boigny), ne représentent une quelconque alternative favorable pour les masses et les prolétaires de Côte d’Ivoire; tous représentent des fractions bourgeoises rivales, liées à des intérêts économiques à base souvent régionales ou tribales, qui ont démontré leur servilité devant l’impérialisme français et le capitalisme mondial. Le «socialiste» Gbagbo tient démagogiquement des discours anti-impérialistes et il dénonce dans Ouattara l’homme du FMI,  mais il n’a cessé de favoriser les grands groupes français comme Bolloré et en février 2008 il avait conclu un accord avec le «socialiste» Strauss-Kahn, président du FMI. Un mois plus tard, c’est contre le gouvernement Gbagbo – Soro que se sont déroulées les émeutes de la faim...

Ouattara, le riche notable du nord, ancien premier ministre de Houphouët Boigny, ancien «Directeur Afrique» du FMI, est soutenu, au nom du respect de la «démocratie», par les impérialismes occidentaux, à commencer par la France et les Etats-Unis, qui ont imposé des sanctions économiques pour faire pression sur Gbagbo. Pourtant, dans d’autres pays, africains ou non, de l’Egypte au Niger, du Togo à l’Arabie Saoudite, des violations grossières et parfois sanglantes des beaux principes de la démocratie, n’avaient entraîné aucune réaction de leur part; l’impérialisme français parle beaucoup de «démocratie» en ce moment, alors qu’il a installé, soutenu et soutient toujours les pires dictateurs en Afrique.

C’est que la démocratie, qui prétend que tous les «citoyens» sont égaux et ont tous le même pouvoir de décider, à travers des élections, la politique de leur pays, n’est en réalité qu’une hypocrite fiction cachant la domination sans partage des intérêts capitalistes sur toute la vie économique, sociale et politique. De même que cette fiction est utilisée par les bourgeois tant qu’elle leur sert à duper les prolétaires, de même elle n’est utilisée par l’impérialisme que tant qu’elle lui est utile!

Ce n’est pas la «démocratie» qui peut ramener la concorde en Côte d’Ivoire, y faire disparaître les tensions interethniques instrumentalisées par les capitalistes, éviter que les prolétaires et les populations fassent les frais des affrontements entre cliques bourgeoises appuyées par l’impérialisme; comme ce n’est pas elle qui peut faire reculer l’oppression et l’exploitation, et empêcher les exactions impérialistes.

Seule la lutte de classe internationale pourra apporter un soutien effectif aux prolétaires et aux masses déshéritées des pays dits «périphériques» qui trouvent contre eux, non seulement leur propre bourgeoisie et leur propre Etat, mais aussi la puissance des impérialistes. Les prolétaires des grands centres impérialistes ont la possibilité de venir en aide à leurs frères de classe, non par la voie de la charité humaniste, mais en renouant avec la lutte anticapitaliste.

Car seuls, ils peuvent frapper au cœur la pieuvre impérialiste, ouvrant ainsi la possibilité, en union avec les prolétaires de tous les pays, de mettre définitivement fin au capitalisme mondial.

 

Après la Libye, l’Afghanistan ..., à bas l’énième intervention impérialiste française en Côte d’Ivoire!

Pour la reprise de la lutte prolétarienne internationale contre le capitalisme!

Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!

 

 

Parti Communiste International

8 avril 2011

www.pcint.org

 

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