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Prises de position - Prese di posizione - Toma de posición - Statements                        


 

A bas le cirque électoral !

Pour la reprise de la lutte de classe, pour la révolution communiste mondiale !

 

 

Depuis quelques semaines le cirque électoral bat son plein; mais il a en fait commencé depuis plusieurs mois. Nous avons eu la phase des primaires du Parti Socialiste qui ont été un événement politique d’importance: pendant plusieurs semaines les médias ont joué le jeu, accordant une place de premier plan à ce qui n’était au départ qu’un événement interne au parti Socialiste, sans que du côté de Sarkozy on ne fasse plus qu’élever quelques critiques pour la forme. Ce spectacle soigneusement mis en scène répondait en effet à un besoin ressenti par les forces bourgeoises qui dirigent le pays; il s’agissait avant tout de redonner du lustre au mécanisme électoral qui depuis des années perd régulièrement de sa crédibilité, et à l’un de ses acteurs principaux - l’opposition de gauche - usé par ses années de gouvernement. La fiction  du système démocratique représentatif est en effet un facteur essentiel de la domination politique de la bourgeoisie.

 

Du crétinisme démocratique des Primaires socialistes...

 

Comme en réalité les orientations politiques (nous n’osons pas dire: les programmes) des divers candidats à la candidature étaient identiques (et pour l’essentiel très peu différentes de celles d’un Sarkozy ou d’un Bayrou), la compétition portait au fond sur le caractère et la personnalité de ces derniers. La dépolitisation qui est l’autre face de la personnalisation est un objectif permanent du système politique bourgeois qui repose sur l’abrutissement des masses; elle a fait de nouveaux progrès parmi les électeurs du PS qui - triomphe du crétinisme démocratique! - se sont déplacés en masse (près de 3 millions!) pour participer à cette mascarade. Mais la campagne des primaires socialistes a eu aussi un autre effet précieux pour la bourgeoisie; à travers la candidature de Montebourg, les positions nationalistes - derrière les appellations d’anti-mondialisme et de protectionnisme - ont été présentées par les médias comme étant des positions «de gauche»!

Ce n’est à vrai dire pas nouveau, le PCF, dont la base est une aristocratie ouvrière pénétré de préjugés petits-bourgeois, étant traditionnellement un des diffuseurs les plus acharnés du nationalisme, surtout parmi les travailleurs; mais le déclin de ce parti depuis des années beaucoup restreint la portée de son discours. Montebourg a ouvert la voie au grand retour du nationalisme économique et du produisons français qui exprime les intérêts de la partie la plus faible et la moins concurrentielle du capitalisme français.

Le Manifeste Communiste disait déjà qu’ «au grand désespoir des réactionnaires la bourgeoisie a enlevé à l’industrie sa base nationale». Les prolétaires n’ont rien à gagner à s’associer à ces réactionnaires qui prêchent une (impossible) fermeture des frontières parce qu’en réalité ces derniers n’ont d’autre but que de leur faire accepter des sacrifices supplémentaires au nom de la défense de l’économie nationale; et en outre parce qu’en suivant ces bourgeois, ils tourneraient le dos à la solidarité de classe avec les prolétaires des autres pays ou d’autres nationalités, affaiblissent ainsi leur propre force.

 

...à l’abrutissement du cirque électoral

 

Une fois passé le succès pour la bourgeoisie qu’a représenté cet épisode préliminaire des primaires socialistes, la véritable campagne a pu s’engager. Il serait assez vain de soumettre à une critique détaillée les propositions ou les programmes électoraux des candidats, tant ils jouent peu de rôle dans cette campagne, quand ils existent! Au moment où nous écrivons le candidat sortant n’a toujours pas présenté son programme électoral, préférant jouer la carte qui lui semble maîtresse celle de sa capacité personnelle à faire face aux crises, tandis qu’en face, le prétendant du PS a adopté la tactique d’en dire le moins possible en jouant la carte de l’anti-sarkozysme.

 La personnalisation à outrance de la campagne permet aux candidats d’éviter de parler de ce qu’ils comptent faire pour répondre à la crise, autrement dit de comment ils comptent appliquer les mesures de rigueur que les bourgeois estiment nécessaires pour renflouer le capitalisme: les consultations électorales ne servent pas à débattre des questions importantes qui regardent la vie des populations et en particulier des prolétaires, comme le prétend l’omniprésente propagande démocratique, mais à les travestir, à les cacher. Quelle meilleure démonstration y a-t-il que les travailleurs n’ont rien à attendre des élections et que c’est sur un autre terrain, celui de la lutte ouverte, qu’ils doivent engager leurs forces?

Si les élections ne peuvent rien apporter de positif aux prolétaires, elles sont indispensables pour entretenir et renforcer la domination du capitalisme. Moment privilégié du bourrage de crâne des masses exploitées, elles sont utilisées pour faire admettre comme une obligation naturelle et incontournable les exigences capitalistes du moment: résoudre le «problème de la dette» par des sacrifices imposés aux travailleurs; diviser les prolétaires en diffusant le nationalisme et la xénophobie (1); leur faire accepter le renforcement policier, etc.

Mais plus fondamentalement encore, en offrant la possibilité aux électeurs de remplacer un politicien particulièrement haï, présenté par ses compères de l’autre bord comme la source de toux les maux, par un autre jugé meilleur, le système électoral démocratique fait croire à l’inutilité de s’engager dans la lutte difficile contre le capitalisme lui-même. C’est ainsi que pour mieux faire passer l’échec du mouvement sur les retraites (échec qu’ils avaient eux-même organisés), les bonzes syndicaux expliquaient à l’automne 2010 aux manifestants déçus, que ce qui n’avait pas été possible d’obtenir par la «lutte» le serait par les urnes, lors de la future élection présidentielle.

 Hélas! Le candidat socialiste a déclaré, avant même d’accéder à la magistrature suprême, qu’il ne reviendrait pas sur cette «réforme» du gouvernement Sarkozy (ni sur les autres non plus). Ce n’est pas parce qu’il fait partie de la «gauche molle», mais parce que, de gauche ou de droite, les politiciens obéissent, non à la volonté de leurs électeurs, mais à celles des forces capitalistes qui dominent la société.

 

Mélenchon, rabatteur du cirque électoral

 

Les partis de gauche en ont fait la démonstration pendant les longues années où ils ont été au pouvoir; si l’on ne veut pas combattre le capitalisme, on est obligé de lui obéir! En déplacement en Grande-Bretagne, Hollande a cru nécessaire de le rappeler aux bourgeois d’outre-Manche qui s’étaient inquiété de ses déclarations contre la finance: «La gauche a été au gouvernement pendant quinze ans, nous avons libéralisé l’économie et ouvert les marchés à la finance et aux privatisations. Il n’y a donc pas de craintes à avoir» (2). Pas de crainte à avoir qu’il s’en prenne au capitalisme autrement qu’en paroles, les prolétaires le savaient, mais c’est lui-même qui le confirme!

Le candidat du Front de Gauche, Mélenchon, qui ne jure que par Mitterrand, est cependant présenté par les médias comme un terrible candidat d’ «extrême-gauche»; il multiplie d’ailleurs les déclarations tonitruantes sur une «révolution civique» et dans ses propositions on retrouve des revendications comme une forte hausse du SMIC, un retour partiel à la retraite à 60 ans, etc. Mais pour savoir ce que valent ses discours, il suffit de constater qu’il n’a jamais renié sa participation à l’un des gouvernements de gauche qui ont si bien servi le capitalisme français. Il est d’ailleurs allé dire au quotidien patronal Les Echos que «les investisseurs n’ont aucune raison d’avoir peur de mon programme» (3).

Evidemment! Les capitalistes n’ont rien à craindre de la démagogie d’un Mélenchon parce qu’elle ne sert qu’à ramener vers le PS - alternative «normale» au sarkozysme - des éléments déçus par l’absence de «perspective» offerte par ce parti, autrement dit par sa soumission trop visible aux exigences du capital. Plus généralement, elle sert à ramener dans le giron du cirque électoral des abstentionnistes qui l’avaient déserté, et qui représentent une menace potentielle de perte de contrôle du système démocratique. C’est pourquoi, de gauche comme de droite, politiciens et curés, tout le monde entre en guerre contre l’abstention - y compris l’extrême gauche trotskyste!

 

La menace d’un gouvernement de gauche

 

La situation de l’économie internationale est tout sauf rose; en Europe comme ailleurs le capitalisme n’a pas retrouvé la voie d’une croissance régulière et harmonieuse qui permettrait, comme le rêvent les larbins réformistes de la bourgeoisie, d’améliorer le sort des prolétaires en redistribuant quelques miettes. La période d’expansion économique continue est définitivement résolue et le capitalisme se traîne de crises en crises, toujours plus profondes et toujours plus difficiles à surmonter. La «crise de la dette souveraine», conséquence de la crise économique de 2008 connaît un répit momentané, mais ce n’est que pour ressurgir avec plus de force. Dans tous les pays européens, les gouvernements bourgeois, de gauche ou de droite, prennent régulièrement des mesures antiouvrières à chaque fois plus brutales.

 La France ne fera pas exception; les plans d’austérité déjà en oeuvre ne sont qu’un pâle avant-goût de ce qui attend les prolétaires, une fois éteints les lampions du cirque électoral. Il n’y a aucune illusion à avoir: le gouvernement, quel qu’il soit, qui sortira des élections présidentielles et législatives, devra amplifier les attaques antiouvrières à l’instar de ses collègues européens.

Et dans cette besogne, un gouvernement PS-Front de Gauche serait le mieux placé pour répéter à une échelle plus grande ce qu’avait fait il y a trente ans le gouvernement PS-PCF sous la présidence de Mitterrand lorsqu’il s’était attaqué aux sidérurgistes dont les réactions avaient fait reculer le gouvernement Giscard-Barre. Bénéficiant d’un «état de grâce» en raison de l’anti-Sarkozysme largement répandu parmi les travailleurs et, plus important, grâce à l’appui déclaré des appareils syndicaux, un gouvernement de gauche pourrait faire le «sale boulot» (comme Fabius avait alors qualifié l’action de son gouvernement) pour le capitalisme français sans susciter autant de luttes qu’un gouvernement de droite.

Lutter contre les illusions électorales, avertir qu’un futur gouvernement de gauche mènera l’offensive capitaliste, dénoncer le sabotage des intérêts ouvriers par les appareils syndicaux, préparer leurs frères de classe aux luttes inévitables, voilà quelle devrait être la tâche aujourd’hui des prolétaires d’avant-garde afin que ces luttes ne se soldent pas encore par des défaites.

C’est ce que ne font pas les groupes d’extrême-gauche, qui se proclament révolutionnaires alors qu’ils ne sont que suivistes par rapport aux partis réformistes contre-révolutionnaires, fournissant ainsi une précieuse contribution au désarmement du prolétariat face à son ennemi de classe.

La défense des intérêts des travailleurs ne peut se faire que par la lutte véritable, par la lutte de classe; elle implique la rupture avec les illusions électorales et ceux qui les répandent, et, au delà, la rupture avec toute une tradition de collaboration des classes, de légalisme, de pacifisme social entretenue depuis des décennies et des décennies par les institutions bourgeoises et les forces réformistes. Cette reprise de la lutte de classe passera par la reconstitution d’organisations de classe - du syndicat au parti - pour la lutte défensive immédiate comme pour la lutte offensive générale contre le capitalisme.

Cela ne pourra sans doute se faire du jour au lendemain, mais c’est la seule voie réaliste alors que toutes les perspectives réformistes ne sont que de mortelles illusions.

 

A bas le cirque électoral!

Vive la reprise de la lutte de classe!

Vive la révolution communiste mondiale!

 


 

(1) Dans ses «engagements», Hollande, afin de se donner sans frais un vernis de gauche, avance, à son point 50, la revendication du droit de vote des travailleurs immigrés aux élections locales (promesse déjà faite par Mitterrand et divers gouvernements de gauche depuis des décennies!). Mais pour ne pas apparaître «laxiste», il la fait suivre de: «Je conduirai une lutte implacable contre l’immigration illégale et les filières du travail clandestin». Après avoir été critiqué par Sarkozy, il a durci encore sa proposition en avançant la perspective de la création de «brigades spécialisées» pour cette lutte, sur le modèle de celles, tristement célèbres par leurs exactions racistes, qui existent aux Etats-Unis.

(2) Interview au Guardian, 14/2/2012

(3) cf www.lesechos.fr/economie-politique/election-presidentielle-2012/interview/0201953868769-jean-luc-melenchon-les-investisseurs-n-ont-aucune-raison-d-avoir-peur-de-mon-programme-302907.php

 

 

Parti Communiste International

21 avril 2012

www.pcint.org

 

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