Back

Prises de position - Prese di posizione - Toma de posición - Statements                        


 

«Grève mondiale pour le climat» :

Se mobiliser pour «Sauver le climat» ou lutter pour renverser le capitalisme?

 

 

Depuis quelques mois on assiste dans un certain nombre de pays à une mobilisation des jeunes sur la question du réchauffement climatique. Une jeune suédoise de 15 ans, Greta Thunberg, a été l'initiative de grèves d'élèves et de manifestations «pour le climat» les vendredis devant le parlement à Stockholm.

Ce mouvement s'est étendu ensuite à l'étranger. Il a reçu un écho particulièrement fort en Suisse (le 18 janvier 8000 élèves manifestaient à Lausanne, 22 000 dans toute la Suisse) et en Belgique (75 000 manifestants à Bruxelles le 21 février): dans ces deux pays le nombre de jeunes manifestants est sans précédent depuis de longues années... Il y a eu aussi des manifestations importantes en Allemagne en Australie, etc.

Sur la lancée des mobilisations dans ces pays et ailleurs une «grève mondiale pour le climat» a été annoncée par «Youth for climate», l'association dont fait partie Thunberg, pour le 15 mars (1). Que penser de ces mobilisations?

Les déclarations du mouvement s'adressent aux Etats en les appelant «à prendre leurs responsabilités»; en Belgique les mobilisations sont calées sur le calendrier des élections européennes. Greta Thunberg a été reçue par Macron, félicitée par Merkel et elle avait été invitée au forum de Davos (Suisse) qui réunit les plus grands patrons et les dirigeants les plus influents du monde. En France le ministre de l'éducation Blanquer a décidé l'organisation le 15 mars «dans tous les lycées de France» de débats sur l'environnement, etc.

Ces quelques exemples montrent que le mouvement n'est pas vu d'un mauvais oeil par les responsables bourgeois. Et pourquoi le serait-il?

S'il critique l'«inaction des pouvoirs publics» voire des «adultes», il ne remet pas en cause l'organisation politique et économique de la société, comptant au contraire sur les structures politiques existantes pour qu'elles agissent, appelant y compris les multinationales à se mobiliser pour le climat. Ignorant les classes sociales et la lutte entre les classes il compte sur la bonne volonté et la prise de conscience de tous pour «préserver l'humanité». Comment pourrait-il comprendre que dans le mode de production actuel, le capitalisme, ce qui compte c'est préserver les profits? Ce n'est ni l'incapacité, ni l'irresponsabilité des gouvernements, qui cause des ravages à l'environnement, mais la course folle aux profits à laquelle aucune entreprise capitaliste ne peut se soustraire et à laquelle aucun Etat bourgeois ne peut tourner le dos. C'est une bien triste utopie de croire et faire croire que des grèves lycéennes et des manifestations périodiques, si nombreux soit le nombre de participants, ou des discussions avec les dirigeants du monde, si «émouvants» soient les porte-paroles, pourraient changer le moins du monde cette réalité.

 

Sauver la planète?

 

Les écologistes, jeunes ou non, affirment souvent qu'il faut agir d'urgence pour «sauver la planète» (2), cette «urgence» étant mise en avant pour justifier d'utiliser tous les moyens à disposition – c'est-à-dire les moyens mis à disposition par le système politique bourgeois. En réalité la planète n'est évidemment pas menacée par le réchauffement climatique: même si la température augmentait de quelques centaines de degrés, elle serait toujours là.

Mais peut-être veulent-ils parler de l'espèce humaine? Cependant l'humanité, née dans des régions tropicales ou subtropicales, pourrait supporter une augmentation de la température.

Au cours de son histoire la planète a connu des variations importantes de température. Il y a eu non seulement des époques bien plus chaudes, mais aussi des époques bien plus froides. Des périodes glaciaires, durant de 50 à 100 000 ans, et séparées par des périodes interglaciaires durant de 10 à 20 000 ans, se sont succédées depuis plus de 60 millions d'années au moins. Les causes de ces variations climatiques ne sont pas connues. Nous nous trouvons actuellement et depuis 15 000 ans environ dans une période interglaciaire.

Le réchauffement correspondant à l'entrée dans celle-ci a eu des effets importants pour l'humanité; non seulement il lui a permis de migrer vers des régions autrefois sous les glaces, mais surtout il a permis l'apparition et le développement de l'agriculture et donc de la sédentarisation. La croissance démographique qui a suivi a eu comme conséquence l'apparition des premières civilisations, phénomène qui s'est produit à peu près à au même moment dans le monde. Signalons que ce réchauffement n'a pas été exempt lui aussi de variations, avec des périodes un peu plus chaudes qu'aujourd'hui et des périodes un peu plus froides (3).

Mais la particularité de la phase actuelle de réchauffement est qu'elle est en grande partie le résultat non de «l'activité humaine» en général comme le disent les médias, mais du développement capitaliste. Entre autres pollutions et destructions environnementales, la production capitaliste a entraîné l'émission de gaz à «effet de serre» (4) en quantités importantes qui retentissent sur le climat mondial en provoquant un accroissement du réchauffement en cours.

 

Fumisterie des accords etatiques pour le climat

 

A tel point que les dirigeants de la plupart des pays du monde ont fini par s'entendre pour limiter les émissions de ces gaz , lors des fameuses «COP», ces conférences internationales sur l'environnement existant depuis les années 70. En effet les spécialistes ont fini par les convaincre que le réchauffement, s'il atteignait un certain nombre de degrés, pourrait provoquer des crises économiques, des guerres, des migrations de populations, etc. Ce n'est donc pas la planète ou l'humanité qui sont menacées, mais la bonne marche du capitalisme!

C'est cela qui explique la signature en 2015 des accords de Paris, lors de la COP 21, et des actions similaires, et non le souci soudain chez ces dirigeants bourgeois de préserver la nature. Les écologistes se plaignent, avec raison, que les engagements pris en 2015 lors de la COP 21 sont insuffisants et non contraignants; en outre, comme on le sait, les Etats-Unis avec Trump se sont retirés de l'accord. Alors que le réchauffement climatique, phénomène mondial, nécessiterait une réponse unifiée au niveau mondial, les différents Etats n'arrivent qu'à des accords a minima et dont les engagements ne sont en outre jamais vraiment respectés (5). Du coup, lors de la COP 24 en décembre en Pologne, les participants ont renoncé à fixer des engagements précis!

Au fond il n'y a rien d'étonnant dans la politique des Etats bourgeois: les capitalistes ne sont prêts à accepter des mesures, même si elles leur seront bénéfiques à long terme, que à si court terme elles ne font pas obstacle à leurs profits.

Pour ce qui est du gouvernement Trump, il s'est lancé dans une politique agressive de revitalisation de la puissance économique américaine; il ne pouvait donc pas ne pas accéder aux demandes des secteurs capitalistes comme les industries du pétrole, du charbon et autres qui trouvent intolérable toute velléité de restreindre ou de contrôler leur production (6). C'est la démonstration qu'il est illusoire de croire que le capitalisme pourrait s'autoréguler pour le bien-être de l'humanité.

 

Seule la destruction du capitalisme mettra fin en même temps qu'aux atteintes au climat et à l'environnement, à la misère, à l'oppression et aux massacres continuels qui jonchent son histoire

 

Les jeunes écologistes qui manifestent pour «sauver le climat» ne se soucient pas de l'exploitation, de l'oppression et de la précarité dont souffrent les prolétaires et les masses déshéritées du monde. Ils ont la chance de vivre dans des sociétés qui ne connaissent pas la guerre ni des situations d'extrême pauvreté. On peut donc comprendre qu'ils se laissent facilement prendre au piège de l'idéologie démocratique dominante pour qui les oppositions de classe n'existent pas, la société actuelle est la seule possible et les pacifiques mouvements d'opinion le moyen d'obtenir des résultats en faisant gentiment pression sur les «décideurs».

Mais ni l'antagonisme entre les classes, ni la misère et l'oppression ne sont absentes des opulentes sociétés européennes. Les jeunes, du moins ceux issus des classes salariées, s'en apercevront vite dès qu'ils entreront dans le monde du travail. C'est d'ailleurs probablement l'inquiétude par rapport à cet  avenir immédiat plutôt qu'à celui du climat, qui est à la racine de leurs mobilisations actuelles.

Quoi qu'il en soit, lorsqu’ils seront confrontés à l'implacable réalité de l'exploitation capitaliste, les jeunes comprendront alors qu'il n'existe pas d'autre solution à tous les maux de cette société que la destruction de ce mode de production. Ils constateront que la lutte pour résister aux attaques permanentes du capitalisme, la lutte pour combattre ses méfaits et ses crimes de quelque nature qu'ils soient, ne peut pas être une lutte commune à tous, une lutte pour des intérêts supposément «généraux», mais qu'elle ne peut être qu'une lutte de classe, la lutte du prolétariat: parce qu'il est la classe de ceux qui n'ont rien  perdre, de ceux qui n'ont aucun intérêt les liant à la survie du capitalisme, le prolétariat est la seule classe qui peut en finir avec le capitalisme et ouvrir la voie à une société sans classes ni Etats, le communisme, où l'humanité vivra en harmonie avec la nature.

Mesurant quelle impasse représente le réformisme écologiste interclassiste, ils pourront alors s'engager aux côtés de tous leurs camardes de classe dans la lutte pour la révolution communiste internationale! 

 


 

(1) En France les organisations lycéennes et étudiantes UNEF, FAGE, l'UNL, FIDL, SOLIDAIRES étudiants, le MRJC , les Scouts de France, etc. appellent à cette grève: une belle unanimité qu'on n'avait pas vue lorsqu'il s'est agi de s'opposer à la réforme scolaire de Blanquer!

(2) Voir par exemple les déclarations de Redfox,  l'organisation des jeunes du PTB (Parti du Travail de Belgique): «Ce sont des mesures radicales dont nous avons besoin aujourd’hui si nous voulons sauver notre planète. Imposer des normes aux plus grands pollueurs …. Aujourd’hui pas demain!». cf https://fr.redfox.be/climat_solutions_individuels_ou_collectives. Imposer des normes de pollution  pour sauver la planète: rarement le réformisme s'est montré aussi niais...

(3) Le dernier refroidissement, appelé «petit âge glaciaire», a duré près de 500 ans, en gros de 1350 à 1850 et il a concerné toute la planète. Il succédait à l' «optimum climatique médiéval», qui avait commencé en l'an mille, où les températures étaient plus élevées qu'actuellement. Il a existé aussi auparavant un «optimum romain» qui a duré quelques siècles

(4) Causé par l'atmosphère, l'«effet de serre» est ce qui permet à la planète de retenir assez de la chaleur rayonnée par le soleil pour être habitable. La planète Mars a une atmosphère trop fine pour produire un effet de serre suffisant, et les températures y sont extrêmement basses (- 60° en moyenne); alors qu'à l'inverse Vénus, dotée d'une atmosphère dense, connaît un effet de serre intense qui porte la température  moyenne au sol  de 470 °. Résultat: ces deux planètes sont inhabitables.

(5) Le rapport de «l'observatoire climat-énergie« publié l'automne dernier montre que la France, qui avait joué un rôle de premier plan pour faire admettre à la COP 21 des engagements précis en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, n'a pas respecté ses engagements. Elle n'est pas isolée: les autres pays européens, les Etats-Unis, le Brésil, la Russie, la Chine, etc. sont dans le même cas.

(6) Ce sont d'ailleurs ces entreprises capitalistes telle la pétrolière ExxonMobil qui financent aux Etats-Unis les études remettant en cause le réchauffement climatique. cf Latribune.fr, 16/9/16

 

 

Parti Communiste International

13 mars 2019

www.pcint.org

 

Top

Retour prises de positions

Retour archives